Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:33

Enseignement et pensées

Trois grands Dharmas cachés
Gohonzon

Le mot Gohonzon est formé de deux mots, qui est un préfixe honorifique et Honzon80 qui signifie Objet de Vénération. Le mot Gohonzon se traduit donc par l’Objet Fondamental de Vénération et est l’un des Trois grand Dharma cachés ou l’une des Trois grandes Lois ésotériques.

Dans le Bouddhisme de Nichiren, le terme revêt une importance particulière car il désigne les représentations écrites que Nichiren a commencé à tracer après la Persécution de Tatsunokuchi55. Le Gohonzon de l'Enseignement essentiel81 est l'un des Trois grand Dharma cachés ou l’une des Trois grandes Lois ésotériques. Au début, les Gohonzons écrits par Nichiren étaient remis nominativement à des disciples afin qu’ils s'en imprègnent durant leur pratique bouddhique. On les appelle Ikki Ichi En82. De par l’inscription effectuée sur un rouleau de papier il représente l’expérience de l’Eveil transférée sur un support relevant du règne du non-sensitif83. Actuellement les Gohonzons des fidèles sont obligatoirement consacrés par une Cérémonie d'ouverture des yeux84.

Il existe plusieurs sortes de mandalas représentant le Gohonzon. De plus, on distingue les Joju-gohonzon qui comportent le nom du bénéficiaire inscrit dans la marge, les Okatagi-gohonzon, mandalas imprimés ayant reçu la cérémonie d'ouverture des yeux, et les Omamori-gohonzon 85 de taille réduite que l'on utilise surtout lors de déplacements.

La Nichiren Shū définit le Gohonzon de la façon suivante.

« Le Gohonzon est l'objet essentiel de la concentration dévotionnelle. Dans le Bouddhisme de Nichiren, c'est la transmission du Dharma merveilleux par le Bouddha atemporel Shākyamuni à tous les êtres sensitifs, et tout particulièrement aux bodhisattvas Surgis de Terre pendant la Cérémonie dans les Airs62. Cela est souvent, mais pas obligatoirement, représenté sous la forme d'un mandala calligraphié86. »

— Nichiren Shū, Gohonzon

La Sōka Gakkai et la Nichiren Shōshū, quant à elle, dit que tout Gohonzon se rattache au Dai-Gohonzon71 que Nichiren inscrivit le 12 octobre 1279. Autrement dit, les Gohonzons confiés aux pratiquants sont des transcriptions du Dai-Gohonzon faites par les grands patriarches de la Nichiren Shōshū. Le Dai-Gohonzon constitue le cœur des Trois grandes Lois ésotériques et le but de la venue de Nichiren en ce monde. Le Gohonzon prend la forme d'un mandala tracé sur papier à l'encre sumi ou sur bois avec des caractères dorés. Au centre du Gohonzon est écrit : Nam(u) Myōhō Renge Kyō, Nichiren indiquant l'Identité de la Personne et du Dharma.

La Sōka Gakkai et la Nichiren Shōshū utilise aussi un gōshō de Nichiren pour définir le Gohonzon.

« Moi, Nichiren, ai inscrit ma vie à l'encre sumi. Aussi croyez dans ce Gohonzon de tout votre coeur. La volonté du Bouddha Shākyamuni est le Sūtra du Lotus mais l'âme de Nichiren n'est autre que Nam(u) Myōhō Renge Kyō86. »

— Nichiren, Réponse à Kyōo - 15 août 1273

Daimoku
Kaidan
Principes Tendai
Non-dualité
Dix mondes
Ichinen Sanzen

Lignées nichireniennes

Femmes dans le contexte nichirenien

Nichiren a déclaré que même les femmes peuvent atteindre l'Illumination. Considéré dans le contexte de la société japonaise du XIXe siècle, cette position doctrinale sur les femmes a été plus que révolutionnaire87, 88. Socialement, les femmes japonaises étaient considérées comme des citoyennes de seconde classe et qui, juridiquement, avaient peu de pouvoir. Dans le monde religieux, les femmes étaient vues comme des êtres secondaires et la majorité des écoles bouddhistes de cette époque discriminaient ouvertement les femmes87, et nombre entre eux avaient un point de vue misogyne.

Nichiren, d'autre part, s'exprima sur l'Éveil en disant que la foi, et non le sexe, est le principal déterminant de l'Illumination [...] des différences physiques ne gênent en aucune façon le salut bouddhiste87. Alors que bon nombre de contemporains bouddhistes ont rarement écrit pour les femmes, environ un cinquième des œuvres existantes de Nichiren ont été adressées à des femmes. De plus, environ 30 % des bénéficiaires du Gohonzon étaient des femmes. Les écrits de Nichiren contiennent à la fois la position doctrinale des femmes au sein du mouvement ainsi que des conseils pratiques aux femmes des croyants. Il considérait le mariage comme un partenariat complémentaire, et en parlant de la maternité, il mentionna presque toujours le rôle et les obligations des pères dans l'unité de la famille87.

« Il devrait y avoir aucune discrimination entre ceux qui propagent les cinq chararcters de Nam(u) Myōhō Renge Kyō [...] qu'ils soient hommes ou femmes89. »

Dans l'ensemble, Nichiren défendu la dignité inhérente de l'être humain. Il a défendu une égalité spirituelle, indépendamment de leur sexe ou leur classe sociale. Cela peut s'expliquer par son identification facile avec les plus défavorisés, puisque selon les écrits, il est né une des castes les plus basse du Japon.

Nichiren et le jeu de go

Nichiren est considéré par certains comme un maître du jeu de go en son temps90. Greg Schneider, chercheur en théologie à l'Université du Wisconsin, écrit :

« Nichiren, le fondateur du bouddhisme Nichiren, était réputé pour être le plus grand joueur de son époque. Il a introduit une méthode de documentation et d'étude des jeux de société. L'un des jeux qu'il aurait étudié est considéré comme l'une des premières parties de go enregistrées de l'histoire japonaise. Cependant, de nombreux chercheurs suggèrent que ces documents sont des faux fabriqués au XIXe siècle91. »

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:31
Nichiren
Aller à : Navigation, rechercher

Nichiren - 日蓮

Religieux japonais

Époque de Kamakura
Drapeau du Japon Japon, XIIIe siècle

Description de cette image, également commentée ci-après

Statue de Nichiren devant le Temple Honmon-ji
à Tōkyō, District d'Ikegami

Nichiren Daishōnin1, Nichiren Shōnin2, ou tout simplement, Nichiren3 était un moine bouddhiste japonais du XIIIe siècle, fondateur du Bouddhisme de Nichiren, appelé parfois Hokke Shū4. Les écoles principales de la branche sont la Nichiren Shū, la Nichiren Shōshū et de nombreux mouvements bouddhistes laïcs comme la Sōka Gakkai, le Risshō Kōsei Kai ou le bouddhisme Reiyukai.

Les membres de la Nichiren Shōshū et de la Sōka Gakkai donnent le titre de Bouddha originel à Nichiren5. La Nichiren Shū, quant à elle, considère le Bouddha Shākyamuni comme le Bouddha originel et éternel6, et Nichiren comme la réincarnation du Bodhisattva Jogyo7 qui, selon les écrits8, doit propager le Sūtra du Lotus lors de la période de Mappō9.

Cette différence subtile a un effet significatif sur l'accent mis à l'enseignement. En effet, tandis que la Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai préfèrent étudier les enseignements de Nichiren appelés gōshōs10, la Nichiren Shū estime, elle, que tous les gōshōs ne sont pas de même valeurs, certains selon elle n'étant pas authentiques et que le Sūtra du Lotus doit donc être l'objet principal d'étude11.

Le nom de naissance de Nichiren était Zen-nichi-maro12. Lorsqu'il entreprit ces études bouddhiques, on le nomma Yaku-o-maro. Plus tard, quand il prononça ses vœux et passa dans les ordres, il fut nommé Zeshō-bō Renchō13. Enfin, il prit le nom de Nichiren le jour où il créa sa propre école. Nichiren signifie littéralement Soleil-Lotus3 : nichi signifie soleil et ren, contraction du mot renge, veut dire lotus.

Nichiren fut en son temps un personnage très controversé qui a échappé plusieurs fois à la mort. La raison est qu'il incita ouvertement ses adeptes à persécuter les fidèles des autres écoles bouddhistes (en particulier Zen, Nembutsu, Shingon et Ritsu), s'attirant ainsi une forte hostilité :

« Il faudrait faire brûler jusqu'à la dernière pierre tous les temples du Nembutsu et du Zen, Kenchû-ji, Jufuku-ji, Gokuraku-ji, Daibutsu et conduire les maîtres de ces écoles sur la plage de Yuinohama pour les décapiter. Sinon, il est certain que le Japon sera détruit ! » (Source : Le choix en fonction du temps, Volume III, p. 191, ACEP, 1994)

« Pour le Salut du Pays, ce sont tous les moines du Nembutsu, du Zen, du Ritsu et d'autres écoles du Japon qu'il aurait fallu faire décapiter, en exposant leurs têtes sur la plage de Yuinohama. Mais maintenant, il est sans doute déjà trop tard. » ( Source : Réponse au nyûdô Takahashi, Volume VI, p. 144-145, ACEP, 2000).

« Comme il est regrettable que des émissaires mongols innocents aient été décapités, et non les moines du Nembutsu, du Shingon, du Zen, et du Ritsu, qui sont pourtant les véritables ennemis de notre pays ! » (Source : Les émissaires mongols, Volume V, p. 201, ACEP, 1996).

« J’avais attaqué le Zen en disant qu’il était l’œuvre du démon, qualifié le Shingon d’hérésie qui provoquerait la destruction du pays, et j’avais incité à incendier les temples des écoles Nembutsu, Zen et Ritsu, et à décapiter les moines du Nembutsu » (Source : Lettre à Konichi-Bô, Volume IV, p. 193, ACEP, 1994)

Biographie

Enfance et années d'études
Hypothèses et légendes
Ukiyo-e montrant la baie d'Awa pendant la période Edo, par Hiroshige.

Nichiren est né le 16 février 1222 à Kominato, un hameau de pêcheurs de la côte Pacifique faisant partie du village de Tojo et appartenant à la province japonaise d'Awa, actuellement situé au sein de la préfecture de Chiba. Le site exact de la naissance de Nichiren est censé être immergé au large des côtes de l'actuel Tanjō-ji14 à Kamogawa, temple célébrant la naissance de Nichiren. Avec les temples de Seichō-ji15 situé aussi à Kamogawa au sein du complexe bouddhique du mont Kiyosumi célébrant, lui, les études monastiques de Nichiren et là où il fit face aux Trois Obstacles16 et aux Quatre Démons16 ; le Honmon-ji17 situé dans le district d'Ikegami à Tōkyō célébrant la mort de Nichiren ; et le Kuon-ji18 situé dans la préfecture de Yamanashi sur le mont Minobu où reposent les cendres de ce dernier selon ses vœux; le Tanjō-ji fait partie des Quatre Lieux Sacrés du Bouddhisme de Nichiren.

Le nom d'enfant de Nichiren était Zen-nichi-maro12. Une légende raconte que lorsque Nichiren est né, des fleurs de lotus ont fleuri sur la mer, des vivaneaux se sont réunis au bord de cette même mer et de l'eau de source a jailli dans la cour de la maison des parents de Nichiren19.

Son père, Nukina Jiro Shigetada († 1258), également connu sous le nom de Mikuni no Tayu Shigetada, aurait été un petit fonctionnaire travaillant pour un manoir voisin du village. Sa mère, quant à elle, s'appelait Umegiku-nyo († 1267). On sait très peu de choses sur les parents de Nichiren. La Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai suggèrent que la famille de Nichiren avait un lien particulier avec le clan des Fujiwara. Toutefois, Nichiren n'en a jamais fait part dans ses gōshōs10 et les historiens restent sceptiques quant à l'exactitude de cette hypothèse. Nichiren a écrit qu'il était le fils d'une famille chandāla qui habitait près de la mer, à Tojo, dans la province d'Awa, dans les campagnes reculées de la partie orientale du Japon20. Les historiens ont interprété cela comme indiquant que la famille de Nichiren vivait du commerce de poisson. Une autre hypothèse a été soulevée par la Nichiren Shōshū, à savoir que Nukina Jiro Shigetada, le père de Nichiren, ait été un samouraï mais qu'ayant succombé aux illusions et à la violence, il prit la décision de se retirer dans un petit village comme Kominato pour gagner sa vie en tant que pêcheur21. Dans tous les cas, Nichiren n'y fait aucune allusion dans ses écrits authentifiés10. Il affirma plus tard être le fils d'un humble pêcheur.

Alors qu'il n'avait que 11 ans, son esprit clair et curieux attira l'attention de la dame du manoir local qui employait son père. Ce patronage permis à Nichiren d'entrer dans le Seichō-ji15, de l'école Tendai sur le mont Kiyosumi, où il a pu recevoir une éducation et commencer ses recherches sur le sens de la vie. Il reçut alors le nom de Yaku-o-maro. Il semblerait que Nichiren ait été un élève brillant. Il étudia les fondamentaux du bouddhisme ainsi que des enseignements généraux sous la direction de Dozen-bō, le supérieur du monastère qui devint plus tard son maître.

Beaucoup de mystères entourent l'enfance et les années d'études de Nichiren. En effet, passant outre les légendes liées à sa naissance, son passage de simple fils de pêcheur à disciple bouddhique reste, pour l'époque, très rare. Chaque école nichirenienne développe sa vision de la naissance de Nichiren et de son passage dans la vie monastique. Les historiens suggèrent, quant à eux, selon les écrits authentifiés10, que Nichiren était le fils d'un pêcheur et que par chance, il put entreprendre des études bouddhiques.

Éducation Tendai

Lors de son entrée au temple, Nichiren pria le bodhisattva Kōkūzo, le bodhisattva de la vacuité une divinité de l'ésotérisme japonais, pour devenir la personne la plus sage du Japon, et cela afin de découvrir la véritable intention des enseignements du Bouddha Shākyamuni. Plus tard, Nichiren écrira : devant mes yeux, le bodhisattva Kōkūzo apparut sous la forme d’un grand-prêtre et m’offrit un joyau de sagesse comme une étoile brillante22.

L’origine du culte du bodhisattva Kōkūzo remonte au règne de l’Empereur Kōnin. Le Seichō-ji15, appartenant au complexe bouddhique du mont Kiyosumi, a été fondé en 771 par Maître Fushigi. Celui-ci abattit un vieux chêne et le sculpta en lui donnant les traits du Bodhisattva Kōkūzo. L’effigie est installée alors dans une petite chapelle édifiée à cet effet. En 836, lors de l’un de ses voyages d’enseignement, Ennin, grand patriarche Tendai, fit restaurer ce monastère qui comptait alors douze cellules monacales et une statue du Bodhisattva Fudō23. Cet événement marque l’influence du courant ésotérique Tendai et d'autres écoles ésotériques bouddhiques, dont notamment celle de l’école Shingon. En outre, à l’Époque de Kamakura, comme dans la plupart des temples du Japon, l’école de la Terre Pure, également appelé Jōdo shū, exerçait une influence dominante.

C'est pourquoi Nichiren voulait tout particulièrement comprendre la raison pour laquelle le peuple, qui avait placé toute sa confiance dans le Nembutsu24, continuait à souffrir et subissait des morts terribles et douloureuses. Nichiren voulait aussi comprendre pourquoi l'Empereur japonais avait été vaincu par le shogunat en 1221 alors que la divinité Hachiman25 avait fait la promesse de soutenir la famille impériale jusqu'au centième empereur. Enfin, Nichiren voulait savoir quelle école bouddhique suivait les véritables enseignements du Bouddha Shākyamuni.

À l'âge de 15 ans, Nichiren fut ordonné prêtre par son Maître Dozen-bō, pour lequel Nichiren a toujours ressenti un devoir de reconnaissance26. Nichiren reçut alors le nom de Zeshō-bō Renchō13. L'année suivante, en 1239, il partit pour Kamakura, la capitale du shogunat, pour continuer et approfondir ses études. Trois ans plus tard, il revint brièvement au Seichō-ji15 avant de repartir pour les grands centres d’étude de son époque. Nichiren resta à Kamakura jusqu'en 1242.

Pendant ses années d'études, Nichiren voyagea ponctuellement à travers le Japon, visitant les grands temples et monastères de son époque, les temples Onjo-ji27, Kongōbu-ji28, Shitennō-ji29, etc. ... cherchant à pousser toujours plus loin sa formation. Dans ces lieux, il fit l'expérience directe de toutes les formes du bouddhisme pratiqué au Japon, y compris la dévotion de l'école Jōdo shū, école bouddhique dominante à l'époque de Nichiren ; le Shingon ésotérique ; la méditation de l'école Zen ; et la stricte discipline du Kairitsu30. Il étudia aussi les divers sūtras de ces temples pour voir par lui-même ce que le Bouddha Shākyamuni avait réellement enseigné.

Nichiren séjourna, ensuite, au temple Enryaku-ji31, fondée par le grand maître Tendai Saichō et situé au mont Hiei. Il resta dans ce temple de 1242 à 1253, soit jusqu'à ses 31 ans. Après ses nombreuses années d'études, Nichiren arriva à la conclusion que le Sūtra de la Fleur de Lotus Blanc du Dharma Merveilleux, plus connu sous le nom de Sūtra du Lotus, était le sommet des enseignements du Bouddha Shākyamuni où celui-ci exposait clairement la Vérité ultime du bouddhisme.

En analysant, Nichiren, éduqué sous une influence Tendai, reprit l'idée de Zhiyi32, 3e grand patriarche de cette même école, lequel considérait que les enseignements du Bouddha Shākyamuni ont été faits à différentes époques de son Éveil, et que la période finale ou plus aboutie était les huit dernières années de sa vie, celles où il enseigna le Sūtra du Lotus.

Fondations du Bouddhisme de Nichiren
Sho Tempōrin de Nichiren

À l'âge de 31 ans, Nichiren revint au Seichō-ji15. Au matin du 28 avril 1253, face au soleil levant, au sommet du mont Kiyomizu-dera, il récita Nam(u) Myōhō Renge Kyō33. Cet événement est considéré comme le début de sa mission de propagation du Dharma merveilleux et le Sho Tempōrin34 de la pensée nichirenienne. Il prit également le nom par lequel il est connu de nos jours, Nichiren qui signifie Soleil-Lotus3, en référence à la lumière du soleil qui dissipe l'obscurité, ainsi que la pureté de la fleur du lotus qui pousse dans des marécages sans que la pourriture environnante ne la salisse. Ces deux images se trouvent en évidence dans le Sūtra du Lotus et sont les qualités que Nichiren souhaitait incarner.

À midi, le même jour, pour célébrer la fin de ses études, Nichiren a tenu son premier sermon devant son vieux Maître Dozen-bō et ses condisciples. Ce discours choqua l'auditoire par sa critique du bouddhisme populaire connu sous le nom de Terre Pure et qui enseignait que la bouddhéité ne pouvait être atteinte qu'après la mort dans une terre pure céleste, grâce à la psalmodie répétitive du nom du Bouddha Amida, communément appelé Nembutsu24.

À la place de cette pratique, Nichiren préconisait la récitation mantrique de Daimoku35 ou de l'Odaimoku35 du Sūtra du Lotus, c'est-à-dire la récitation de Nam(u) Myōhō Renge Kyō. Il enseigna cette pratique en tant que voie pratique et accessible par laquelle tous les hommes pouvaient réaliser les Vérités fondamentales du bouddhisme. De même que le nom d'un pays pouvait activer dans l'esprit toutes les caractéristiques de ce pays, le titre du Sūtra du Lotus incarnait tous les mérites et vertus du Bouddha Shākyamuni exposés dans ce sūtra. Nichiren enseigna aussi que grâce à la récitation de Daimoku35, chaque personne pouvait recevoir directement la Vérité ultime du Sūtra du Lotus et atteindre la bouddhéité dès cette vie-ci. Bien entendu, à cette époque, ce sermon valut aussi immédiatement à Nichiren des ennemis. Le seigneur local, Tojo Kagenobu, était un fervent disciple de la Terre Pure, qualifia ce discours de blasphématoire et fit une tentative pour arrêter Nichiren.

Ce discours inaugural est commémoré le 28 avril 1253 par les institutions qui se réclament de Nichiren.

Sentant que sa vie était en danger, Nichiren se réfugia à Kamakura, capitale du shogunat. Il s'installa alors dans une petite maison dans un quartier de la ville nommé Matsubagayatsu. Nichiren se mit alors à prêcher aux coins de la rue à des hommes ordinaires : paysans, marchands, artisans, pêcheurs et même aux samouraïs de rang moyen. C'est dans les rues de Kamakura que Nichiren s'est fait connaître comme grand Maître et réformateur du bouddhisme qui se consacrait à sauver, de la souffrance, les gens du commun. Nichiren leur offrait l'essence même des enseignements les plus élevés du bouddhisme sous la forme d'une pratique simple mais néanmoins profonde, la pratique de Daimoku35 comme moyen habile d'atteindre la bouddhéité. Nichiren mettait également en évidence les erreurs d'élitisme des écoles décadentes et des mouvements qui déformaient, selon lui, le véritable esprit du Dharma bouddhique.

Nichiren est, depuis ce sermon, un personnage très controversé. En effet, nombreuses écoles issues de ses enseignements continuent d'inspirer encore aujourd'hui une certaine controverse relative à l'exclusivisme fait au Sūtra du Lotus. De même, certain pays comme la France déclara, jusqu'en 2002, la Sōka Gakkai, comme ayant une tendance à la dérive sectaire36.

Risshō Ankoku ron

De 1257 à 1259, le Japon connut de nombreux désastres naturels : tremblements de terre, typhons, famine et peste. Sur la base de prophéties faites dans plusieurs sūtras du Bouddha Shākyamuni37, Nichiren attribua l'apparition des famines, des maladies et des catastrophes naturelles de son époque comme étant l’apparition de la période de Mappō9 et conclut par l'établissement d'un Dharma correct passant par la dévotion au Sūtra du Lotus pour enrailler ses phénomènes. En réaction à tant de douleur, Nichiren écrivit un de ses gōshō10 les plus importantes, le Risshō Ankoku Ron38. Dans son traité, Nichiren nota que, selon les prophéties, faute de prendre une forme correcte de bouddhisme à l'âge de Mappō9, le pays serait ouvert aux catastrophes, y compris les conflits armés et notamment à la rébellion interne et l'invasion étrangère. Ses prédictions sont fondées sur le principe bouddhiste que l'environnement reflète l'esprit et le cœur des gens qui y habitent.

Le 16 juillet 1260, Nichiren présenta ce traité à Hōjō Tokiyori, le chef du shogunat de Kamakura. Dans cet ouvrage, Nichiren développait les raisons pour lesquelles le gouvernement devait arrêter toute aide à l'école de la Terre Pure et soutenir au contraire ceux qui plaçaient leur foi dans le Sūtra du Lotus. Nichiren prévenait le gouvernement que dans le cas contraire, le Japon devrait faire face à de nouveaux désastres et que le pays courait le danger d'une guerre civile et d'une invasion étrangère. Si toutefois, le Japon se tournait vers le Sūtra du Lotus, la paix et la prospérité seraient établies. Mais Nichiren n'obtenu aucune réponse de la part du shogunat.

Extrait du Risshō Ankoku ron conservé au temple Hokekyō-ji (Japon)

Il faut se rappeler certains points concernant les remontrances de Nichiren faites au gouvernement. Tout d'abord, tout comme les conditions de vie d'une personne sont le reflet de sa vie intérieure, il en va de même pour une nation. C'est pourquoi Nichiren insistait sur la nécessité d'une foi positive dans la possibilité pour les hommes ordinaires d'atteindre la bouddhéité dès cette vie-ci, et de sorte, transformer le monde actuel en terre pure selon ce qu'enseigne le Sūtra du Lotus. Cette vision était beaucoup plus satisfaisante pour les adeptes de Nichiren, plutôt que l'attitude à l'égard de cette vie et n'espérer le bonheur qu'après la mort selon les enseignements de l'école Jōdo shū39.

De plus, Nichiren présentait des remontrances au gouvernement sous forme d'un traité demandant la protection des vrais enseignements contre des enseignements erronés40, ce qui faisait partie d'une longue tradition en Asie Orientale et dont les racines remonteraient aux tentatives de Confucius pour réformer le gouvernement de son époque41. Nichiren n'était nullement le premier à agir de la sorte.

. Il en appelait au shogunat pour que celui-ci cesse de soutenir financièrement42 les interprétations pernicieuses du bouddhisme erronés et accorde son soutien aux enseignements réellement conformes à ce que le Bouddha Shākyamuni prêchait dans ses sūtras. Le Risshō Ankoku Ron n'est en aucun cas un document nationaliste plaidant la supériorité du Japon, mais au contraire une critique de la gestion shogunale des affaires religieuses. Ce texte visait une réforme spirituelle pour le peuple japonais, de sorte que tous puissent surmonter leurs souffrances et acquérir une valeur à partager avec le reste du monde, l'enseignement et la pratique du Sūtra de Lotus.

Toutefois, il faut nuancer cette argumentation puisque certains extraits du Risshō Ankoku ron restent très durs envers les autres écoles bouddhiques.

« Nembutsu, acte infernal ! [...] Zen, œuvre du Démon ! [...] Shingon, mort de la Nation ! [...] Kairitsu, trahison nationale 43! »

— Nichiren, Risshō Ankoku ron - 12 juillet 1260

Chaque école se réclamant de Nichiren, apportent, bien sur, une point de vue différent à cet écrit. La Nichiren Shū considère cet écrit comme une sorte de provocation envers le gouvernement pour que celui-ci agisse rapidement envers son peuple44. La Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai, eux, ne prennent pas au mot cet écrit mais ont toujours refusé un dialogue œcuménique entre les autres écoles bouddhiques45. Pourtant, le Sūtra du Lotus est assez explicite en affirmant que tous les autres enseignements sont des moyens opportuns et doivent donc être respectés en tant que tels. Les différences dans l'interprétation de la position réelle de Nichiren sur les autres écoles et traditions de son époque, est probablement la cause principale des différentes attitudes et relations qu'entretiennent les différentes lignées nichireniennes.

Oppression et répression
Quatre grandes persécutions
Persécution de Matsubagayatsu

Les efforts de Nichiren pour promouvoir les réformes shogunales étaient non seulement ignorés mais provoquaient la colère des autorités bouddhistes ainsi que celui du gouvernement qui n'appréciaient pas que l'on critique leurs règles. La nuit du 27 août 1260, une foule furieuse mit le feu à la maison de Nichiren situé à Matsubagayatsu, un quartier de Kamakura. Cette attaque fut perpétrée par des croyants du Nembutsu24, à la suite des critiques formulées par Nichiren dans le Risshō Ankoku ron38 sur l'école de la Terre pure.

Heureusement, Nichiren avait été prévenu à temps et a pu fuir dans les collines lors de cette attaque. Il se réfugia alors chez Toki Jonin, un de ses disciples également connu sous le nom de Nichijo, dans la province de Shimōsa. Nichiren resta pendant plusieurs mois hors de Kamakura, continuant toujours à enseigner le Sūtra du Lotus à ses disciples. Mais il y revint au printemps suivant pour continuer à prêcher sa doctrine.

Cet événement est commémoré le 27 août en tant que la Persécution de Matsubagayatsu46, la première des quatre grandes persécutions qu'il eut à subir.

Exil dans la province d'Izu

Peu de temps après son retour à sa résidence reconstruite à Kamakura, Nichiren fut arrêté par la police du shogunat. Le 12 mai 1261, sans enquête, il fut condamné et envoyé en exil à Itō, une petite péninsule rocheuse de la province d'Izu. Ses ennemis espéraient que l'exposition aux fortes intempéries de la région lui serait fatale. Les hommes chargés de l'y conduire par bateau ne l'amenèrent apparemment pas à Itō, mais l'abandonnèrent sur la plage d'un petit village du nom de Kawana où il fut trouvé par un pêcheur nommé Funamori Yasaburo47. Cet homme et sa femme le nourrirent et le logèrent clandestinement pendant une trentaine de jours.

À l'époque, l'intendant d'Itō, Itō Hachiro Zaemon, était gravement malade. Apprenant que Nichiren avait été exilé dans sa province, le seigneur l'invita à demeurer chez lui et à prier pour sa guérison. Nichiren accepta à la condition que le seigneur adhère à la pratique du Sūtra du Lotus, le Daimoku35. Celui-ci accepta et recouvra la santé, il devint alors un fervent disciple de Nichiren. Pour le remercier, Itō Hachiro Zaemon offrit à Nichiren, une statue du Bouddha Shākyamuni trouvée en mer et qui accompagna Nichiren durant toute sa vie.

Loin de se sentir brisé, Nichiren sentit que cet exil lui donna l'occasion de vivre le Sūtra du Lotus de tout son être. Alors que d'autres se contentaient de lire le Sūtra du Lotus, Nichiren vivait en plein accord avec ses enseignements, au risque même de sa vie. Il profita également de son exil pour réfléchir à sa mission et compris alors que celui qui enseigne le Dharma correct doit tenir compte des différences entre les divers enseignements, de la capacité des pratiquants, de l'époque, des spécificités du pays et de la chronologie des sūtras. Il établit donc cinq guides pour la propagation48 afin que ses disciples puissent enseigner le Dharma correct de façon plus efficace.

Cette deuxième persécution est commémorée le 12 mai en tant que l'Exil d'Izu49.

Persécution de Komatsubara

Le 22 février 1263, Nichiren fut gracié et autorisé à revenir à Kamakura. Il reprit alors la propagation du Sūtra du Lotus. Apprenant que sa mère était malade et à l'article de la mort, son père étant décédé 9 ans auparavant, Nichiren prit le risque de revenir dans la province d'Awa dont le seigneur local, Tojo Kagenobu, était toujours son ennemi juré. En août 1264, il alla voir, malgré la réticence de ces disciples, sa mère et par ses prières lui permit de retrouver la santé.

Sur le chemin du retour, Nichiren et ses disciples furent invités par Kudo Yoshitaka, seigneur du village d'Amatsu dans la province d'Awa et situé au beau milieu de la Forêt de Pins appelée Komatsubara. Quand Tojo Kagenobu et ses hommes apprirent que Nichiren se trouvait dans cette forêt isolée, ils décidèrent de lui tendre une embuscade. Kudo Yoshitaka se précipita alors au secours de Nichiren avec ses propres hommes. Dans cette bataille, qui se déroula le 11 novembre 1264, Tojo Kagenobu et Kudo Yoshitaka furent, tous les deux mortellement blessés. Kyonin-bo, un des disciples de Nichiren, fut également tué et deux autres disciples grièvement blessés. Nichiren lui-même en réchappa à grand-peine, ayant reçu un coup d'épée sur la tête.

Cette troisième persécution est commémorée le 11 novembre comme la Persécution de Komatsubara50.

Persécution de Tatsunokuchi

En 1271, le Japon connut une longue sécheresse et le gouvernement avait ordonné au moine Ryōkan-bo51, du temple Gokuraku-ji52 de Kamakura, de prier pour obtenir la pluie. Nichiren lui lança un défi, disant que, si les prières de Ryōkan-bo étaient efficaces dans les sept jours, il deviendrait son disciple, mais que, si elles ne l'étaient pas, Ryōkan-bo devrait adopter la croyance dans le Sūtra du Lotus. Celui-ci accepta volontiers et débuta son rituel de prière mais, au lieu de la pluie, ce furent de grands vents persistants et destructeurs qui se levèrent. Humilié, Ryōkan-bo refusa de tenir sa promesse. Au contraire, il commença même à user de son influence auprès des épouses et veuves de hauts fonctionnaires du gouvernement pour répandre de fausses rumeurs sur Nichiren.

Cela eut comme conséquence la convocation de Nichiren pour être interrogé par l'adjoint au chef des affaires militaires et de la police, Hei no Saemon53, le 10 septembre 1271. Nichiren saisit cette occasion pour faire des remontrances à Hei no Saemon, en lui prédisant des luttes internes et une invasion étrangère si le gouvernement le punissait injustement. Hei no Saemon, n'ayant aucun élément lui permettant de prononcer lui-même une condamnation, laissa partir Nichiren.

Nichiren sauvé de l'épée du bourreau - Kuniyoshi Utagawa

La prédiction de Nichiren n'est aucunement divine mais vient du fait que des émissaires mongols envoyés de Corée soient venus demander au Japon de leur payer un tribut. Les Mongols menaçaient donc d'envahir le Japon si on ne leur donnait pas satisfaction. Le shogunat refusa de négocier avec les Mongols, qui à ce moment, avaient déjà envahi la Chine et la Corée. Il semblait qu'une invasion du Japon était imminente et que, pour la seconde fois, Nichiren essaya de convaincre le gouvernement de changer d'attitude. Il rappela donc aux autorités politiques et religieuses que cet événement avait été déjà prédit, il y a huit ans de cela dans son traité, le Risshō Ankoku ron. Mais le shogunat n'envisagea aucune réforme.

Dans l'après-midi du 12 septembre 1271, une décision officielle fut prise à l'encontre de Nichiren. Hei no Saemon et plusieurs centaines de guerriers se rendirent alors à cheval à sa résidence et l'arrêtèrent. L'un des hommes, Shofu-bo, saisit le rouleau du Ve volume du Sūtra du Lotus que Nichiren portait dans sa robe et s'en servit pour le frapper au visage54. Hei no Saemon amena Nichiren au bureau des conseillers du régent où il fut accusé de trahison et condamné à la peine d'exil sur l'île de Sado. Cependant, Hei no Saemon décida, en secret, de faire décapiter Nichiren avant qu'il n'atteigne ce dernier lieu. Ses hommes et lui quittèrent donc la résidence avec leur prisonnier tard dans la nuit du 12 septembre. Alors qu'ils passaient près du temple de Tsurugaoka dédié à la divinité Hachiman25, Nichiren fit des reproches au grand Bodhisattva Hachiman qui, selon lui, ne protégeait pas un fervent disciples du Sūtra du Lotus comme cela a été promis lorsque le Bouddha Shākyamuni avait exposé ce sūtra.

Sur le lieu de l'exécution, Nichiren récita le Daimoku35 avec le plus grand calme et réprimanda Shijo Kingo, un disciple venu mourir avec lui, pour son chagrin en lui disant qu'il n'existait de sort plus enviable que de donner sa vie pour le Sūtra du Lotus. Au moment où Nichiren allait être décapité, un objet lumineux traversa le ciel, en provenance du Sud-Est, terrorisant les soldats et les samouraïs au point qu'ils furent incapables de procéder à l'exécution. Nichiren fut alors placé sous surveillance, comme originellement prévu pendant un mois, et le 10 octobre 1271, il quitta Kamakura sous escorte pour le lieu de son exil, l'île de Sado.

Cette dernière persécution est commémorée le 10 octobre en tant que Persécution de Tatsunokuchi55, 56.

Cette exécution qui sauva Nichiren d'une mort certaine est interprété différemment selon les écoles. De ce moment, date la conviction de Nichiren d'être, selon la Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai, le Bouddha Originel5 de la période de Mappō9, ou, selon la Nichiren Shū, la réincarnation du grand Bodhisattva Jogyo7.

Exil sur l'île de Sado

Le 10 octobre 1271, Nichiren fut envoyé sur l'île de Sado dans un sanctuaire en ruine près du cimetière de Tsukahara, sans nourriture et sans vêtements adéquats. Une fois de plus, ses ennemis espéraient qu'il mourrait de froid durant l'hiver impitoyable de Sado sans abri ni provisions. Mais cela est sans compter sur la foi et la détermination inébranlable de Nichiren qui lui permit de supporter ces conditions extrêmes et de se lier d'amitié avec les paysans et les samouraïs des environs qui finirent par pourvoir à ses besoins.

Cet exil sur l'île de Sado est commémoré le 10 octobre comme étant l'Exil sur l'île de Sado57.

Nichiren en exil sur l'île de Sado - Kuniyoshi Utagawa

Pendant son exil, les adeptes du Nembutsu24 locales, apprenant que des paysans aidèrent Nichiren à survivre, décidèrent de conspirer contre lui et fit une tentative pour l’éliminer. Ils convoquèrent les adeptes du Zen et du Kairitsu30 de l’île de Sado, le 16 janvier 1272, pour un débat religieux ayant pour but de condamner pénalement Nichiren. Ce débat est connu sous le nom de Débat de Tsukahara. Lors de ce débat, devant les arguments de Nichiren, beaucoup de paysans et de samouraïs se convertirent au Bouddhisme de Nichiren dont Abutsu-bo58 et sa femme Sen-nichi, qui admiraient la grandeur du personnage et qui deviendront, plus tard, des grands amis de Nichiren.

Non seulement Nichiren a survécu à toutes ces privations mais il écrivit deux de ses écrits majeurs durant son exil qui durera trois ans. Le premier est le Kaimoku shō59 qu'il termina en février 1272. Dans ce traité, Nichiren cherche à ouvrir les yeux de tous les hommes au fait que le temps était venu de pratiquer le véritable enseignement, le Dharma correct, c'est-à-dire la foi au Sūtra du Lotus. Le Kaimoku shō révèle également que Nichiren a pris conscience d'être en train d'accomplir le rôle du Bodhisattva Jogyo7 ou du Bouddha Originel5, selon les écoles, en tant qu'envoyé du Sūtra du Lotus. À partir de ce moment, Nichiren n'essaya plus simplement de réformer le bouddhisme, il enseigna le Dharma merveilleux du Bouddha Shākyamuni sous la forme de Nam(u) Myōhō Renge Kyō33.

En 1272, Nichiren fut transféré dans une résidence plus confortable sur l'île de Sado. À l'abri des éléments et des privations, Nichiren écrivit l'un de ses gōshōs10 les plus importants, le Kanjin Honzon shō60 qu'il termina le 25 avril 1273. Dans ce traité, il décrit la transmission du Dharma à tous les êtres, dits sensitifs. C’est après ce traité que Nichiren inscrit pour la première fois, le Gohonzon61, le 8 juillet 1273. Ce mandala est une représentation visuelle, en caractères chinois, de la Cérémonie dans les Airs62 décrite dans le Sūtra du Lotus. Pour Nichiren, le Gohonzon incarne la loi éternelle et intrinsèque de Nam(u) Myōhō Renge Kyō33, qu'il a identifié comme étant la loi suprême qui imprègne la vie et l'univers.

À la différence des formes précédentes de contemplation qui dépendaient de la capacité du pratiquant à percevoir la Vraie nature de la réalité, Nichiren enseigna que cette vraie nature se manifeste à nous sous la forme de Nam(u) Myōhō Renge Kyō33. En d'autres termes, la bouddhéité n'est pas quelque chose que nous pouvons développer par nos efforts conscients. La Vraie nature de la réalité nous est donc révélée par la présence spirituelle de la bouddhéité dans nos vies.

Retraite sur le mont Minobu
Correspondances de Nichiren

En mars 1274, Nichiren fut gracié et autorisé à revenir à Kamakura. Le gouvernement chercha, par le biais de Hei no Seamon53, de rallier Nichiren à leur cause en lui offrant un temple en échange de ses prières contre l'invasion mongole. Nichiren refusa tout compromis et insista une fois de plus sur la nécessité pour le gouvernement de retirer son soutien aux enseignements qui obscurcissaient le Dharma correct du Bouddha Shākyamuni. En voyant que sa troisième remontrance fait au gouvernement ne rencontrait aucun écho, Nichiren décida de suivre le conseil de Confucius de se retirer dans les montagnes et forêts si trois essais de réprimande au gouvernement restaient sans effet. Le 12 mai 1274, Nichiren quitta Kamakura en compagnie de ses disciples pour établir son ermitage sur le mont Minobu63.

Le 17 mai 1274, il arriva à la maison d’Hagiri Rokuro, un de ses disciples, qui lui offrit un lopin de terre sur le mont Minobu63. En juin 1274, Nichiren fit construire une petite cabane et un temple dans lesquelles, il resta, à quelque exception prêt, huit ans. Bien que le mont Minobu soit situé au beau milieu d’une forêt dense et soit un endroit difficile d'accès, Nichiren reçut de nombreuses visites de ses disciples et d’adeptes à travers tout le pays. Aujourd’hui, à cet endroit, se trouve le temple Kuon-ji18, siège patriarcale de la Nichiren Shū.

Lors de cette retraite, Nichiren se consacra également à la formation de ses disciples et à la correspondance d'encouragement avec ses partisans. C'est là que lui parvinrent les nouvelles des deux tentatives d'invasion du Japon par les Mongols, en octobre 1274 puis en juin 1281. Bien que le Japon fut sauvé les deux fois par des tempêtes qui détruisirent la flotte mongole, Nichiren continua à mettre en garde le shogunat. En effet, les conditions spirituelles qui avaient rendu le Japon vulnérable n'avaient pas changé et conduiraient inévitablement à la souffrance du peuple japonais64.

Ses prédictions se réalisèrent en 1333, cinquante-et-un ans après la mort de Nichiren, lorsque le shogunat de Kamakura abdiqua, plongeant ainsi tout le pays dans des siècles de guerres et luttes internes. Par une ironie du sort la chute du shogunat était en partie provoquée par les subventions exorbitantes que le gouvernement accordait pour des rituels bouddhiques destinés à procurer la sécurité du pays et se mettait ainsi dans l'impossibilité de payer les samouraïs qui aurait dû défendre le gouvernement.

Nichiren eut également à souffrir des persécutions dirigées contre ses disciples dont le sort l'a toujours beaucoup préoccupé. La pire persécution qui eut lieu contre ses disciples fut celle d'Atsuhara en 1279, lorsque vingt fermiers furent arrêtés sur ordre du shogunat, et trois d'entre eux décapités parce qu'ils refusaient d'abjurer leur foi dans le Sūtra du Lotus. Nichiren a constamment prié pour le bien-être de ses adeptes et leur envoya un grand nombre de lettres d'encouragement. Cette persécution bouleversa tellement Nichiren qu'il écrivit alors à un de ses plus proches disciples une lettre intitulée les Persécutions subies par le Bouddha en février 1279.

Derniers enseignements et polémiques
Ukiyo-e montrant une vue du mont Fuji derrière la rivière du mont Minobu - Katsuchika Hokusai

Il écrivit aussi lors de sa retraite, les deux derniers de ses cinq écrits majeurs. Le 10 juin 1275, il rédigea le Senji shō65 où il reprend les cinq guides de propagation48. Ce traité met particulièrement l'accent sur le fait que le temps était maintenant venu pour propager le Sūtra du Lotus, le privilégiant aux autres sūtras et que la libération des souffrances pouvait être obtenue par la pratique de Nam(u) Myōhō Renge Kyō33.

Cependant, une différence subtile se glisse entre les différentes écoles nichireniennes sur la méthode de propagation du Sūtra du Lotus. En effet, la Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai prônent la méthode du Shakubuku66 ou du Shoju67 pour propager le Dharma correct comme l’a enseigné Nichiren. La Nichiren Shū, quant à elle, réfute cette technique et préfère transmettre l’enseignement du Sūtra du Lotus par le moyen habile décrit par le Bouddha Shākyamuni dans ce sūtra, soit par l'utilisation du Kosen Rufu68. La pratique du Shakubuku est devenue, aujourd’hui, une pratique majeure de la Sōka Gakkai, ce terme en est même venu à désigner toute sorte de propagation, sans distinction de méthode. Dans ce contexte, le Shakubuku désigne dans le discours du prosélyte laïc de la Sōka Gakkai, la personne que ce dernier a amenée à la pratique du Bouddhisme de Nichiren36.

Nichiren écrivit aussi le Hōon shō69 en juillet 1276, après la mort de Dozen-bo, son Maître qui l'avait ordonné et guidé dans son enfance. Dans ce traité, Nichiren insiste sur le fait que la pratique bouddhique doit être motivée par le désir de libérer tous ceux à l'égard de qui on a une dette de gratitude26 et que la meilleure façon pour cela est de leur enseigner le Sūtra du Lotus. C'est dans le Hōon shō que Nichiren décrit également pour la première fois les Trois grands Dharmas cachés ou les Trois grandes Lois ésotériques : le Gohonzon61, le Daimoku35 et le Kaidan70.

La Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai, placent aussi à ce moment-là l'inscription, sur un grand support en bois, du Dai-Gohonzon71, une représentation en grand format du mandala de Nichiren, le Gohonzon61, constitué par les mentions écrites des noms de bouddhas, bodhisattvas et divinités protectrices, avec, en son centre, verticalement, le mantra Nam(u) Myōhō Renge Kyō33. La Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai y voient l'accomplissement du but de la venue de Nichiren en ce monde et font de l'inscription de ce Gohonzon61 l'une des Trois grandes Lois ésotériques. D'autres écoles issues de Nichiren comme la Nichiren Shū contestent les fondements historiques de cette affirmation. Ce Dai-Gohonzon est conservé au Taiseki-ji72.

Les nombreuses difficultés et les persécutions qu'avaient subies Nichiren pendant des années réclamaient leur dû. Le 8 septembre 1282, il quitta le mont Minobu63 pour s'occuper de sa santé. Ses disciples l'avaient persuadé de se rendre aux sources chaudes aux vertus médicinales d’Hitachi mais il dut s'arrêter en chemin chez un de ses adeptes dévoués à Tōkyō dans le quartier d’Ikegami. Le 13 octobre 1282, à l'âge de 60 ans, Nichiren mourut entouré de ses disciples et adeptes laïcs. Les cendres de Nichiren, selon ses vœux, furent aussitôt transférées par ses disciples au temple Kuon-ji18 sur le mont Minobu63. Un temple fut aussi construit sur les lieux de la mort de Nichiren à Tōkyō, le temple Honmon-ji17.

D'après la Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai, le 8 octobre 1282, cinq jours avant sa mort, Nichiren aurait désigné Nikkō, comme son successeur légitime demandant aux moines de suivre maintenant, son enseignement. Cette affirmation est contestée par le principal courant nichirenien, la Nichiren Shū, elle affirme que Nichiren aurait nommé Six Disciples Aînés73 pour leur confier la propagation de son enseignement après sa mort.

Le Bouddhisme de Nichiren continua à se développer durant les siècles qui suivirent jusqu'aujourd'hui. Avec le temps, il devint l'une des plus grandes écoles bouddhiques au Japon. Actuellement, on trouve ses adeptes récitant Nam(u) Myōhō Renge Kyō, un peu partout dans le monde.

Titres respectueux et posthumes de Nichiren

Après sa mort, Nichiren a été nommé sous plusieurs noms posthumes destinés à exprimer le respect envers sa personne ou pour représenter sa position dans l'histoire du bouddhisme. Le nom le plus fréquemment utilisé est Nichiren Shōnin2 qui se traduit par St. Nichiren ou Sage Nichiren, également orthographié et traduit, en dehors du contexte nichirenien, par Rév. Nichiren ou Prêtre Nichiren. Nichiren Daishōnin1 se traduit par Grand Sage Nichiren, ce titre honorifique dépend généralement de l'institutions se réclamant de Nichiren, mais il est préféré par les partisans des écoles provenant de la Lignées de Nikkō, c'est-à-dire par la Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai.

Les bouddhistes de Nichiren japonais se réfèrent toujours à Nichiren en utilisant une de ces formes respectueuses, par exemple, le Daishōnin. En effet, culturellement, il vaut mieux oublier le prénom en japonais, plutôt que le titre de respect attribué à la personne concernée.

La Cour impériale de Kyōto a également décerné la Nichiren, les appellations honorifiques : Nichiren Daibosatsu74 en 1358 et Risshō Daishi75 en 1922.

Écrits de Nichiren

Gōshōs

Le mot Gōshō est formé de deux mot : qui est un préfixe honorifique et Shō qui signifie littéralement Écrit. Le mot Gōshō se traduit donc par Grandes Écriture et sont les écrits, séparés ou rassemblés, de Nichiren.

Il subsiste aujourd'hui plus de sept cents écrits de Nichiren, y compris des copies et des fragments. L'authenticité de quelques écrits est contestée par certaines écoles nichireniennes, même quand elles reconnaissent l'orthodoxie du contenu. Toutefois quelques écrits sont suspectés être des faux fabriqués par des successeurs désireux de se donner une légitimité. Il subsiste, aujourd'hui, deux compilations établies par les premiers disciples de Nichiren : celle de Nikkō et celle de Nichijo, également connu sous le nom de Toki Jonin.

À l'heure actuelle, il existe trois éditions accessibles au public : le Showa Teihon Nichiren Shōnin Ibun76 édité en 4 volumes par le Centre d'Études du Bouddhisme de Nichiren de l'Université Risshō situé au Mt Minobu63 et appartenant à la Nichiren Shū. Il s'appuie sur le Rokunai Gōshō qui remonterait à Toki Jonin. La deuxième édition est le Nichiren Daishōnin Gōshō Zenshu77 édité par la Sōka Gakkai et la Nichiren Shōshū en 1952, sous la direction du 59e Grand-Patriarche, Nichiko Shōnin. Cette traduction, qui s'appuie non seulement sur les originaux mais également sur les annotations en marges, est à la base d'un certain nombre de divergences doctrinales entre le courant de la Nichiren Shōshū et de la Sōka Gakkai, et les écoles d'obédience comme la Nichiren Shū qui suivent le Showa Teihon. Enfin, la troisième version est le Heisei Shinpen Nichiren Daishōnin Gōshō78 édité par le Taiseki-ji72 appartenant au courant de la Nichiren Shōshū en 1994. C'est une révision totale des écrits du Gōshō Zenshu et du Showa Shintei Gōshō, version chronologique éditée 1971, sous le 66e Grand-Patriarche, Nittatsu Shōnin. De nouveaux textes ont été ajoutés et d'autres, dont l'authenticité est controversée, supprimés. Cette édition suit l'ordre chronologique et est en style kakikudashi-bun79. Néanmoins, la Nichiren Shōshū prévoir l'édition prochaine des gōshōs en style d'origine.

Il existe aussi une traduction incomplète anglaise en 7 volumes : The Major Writings of Nichiren Daishōnin, ainsi qu'une réédition en un volume, datant de 1999 : The Writings of Nichiren Daishōnin qui comporte de nombreuses modifications. Une traduction française de The Writings of Nichiren Daishōnin a été publiée récemment par l'ACEP, institution appartenant à la Sōka Gakkai.

Écriture et polémiques

Le style d'écriture utilisé dans les traités de Nichiren est le style kanbun, un style d'écriture formelle sur le modèle classique chinois qui a été la langue du gouvernement et de l'apprentissage dans le Japon contemporain. Nichiren a également écrit des lettres aux disciples et aux fidèles laïcs dans un style mixtes kanji-kana vernaculaire ainsi que des lettres en kana simple pour les croyants qui ne pouvait pas lire les styles les plus formelle, en particulier les enfants.

Certaines œuvres de Nichiren, en particulier le Risshō Ankoku ron, sont considérés comme des exemplaires de référence du style kanbun. Beaucoup de ses lettres font preuve aussi d'empathie inhabituelle et de compréhension des opprimés ce qui est très rare pour l'époque. Les gōshōs les plus célèbres furent ceux adressé aux femmes croyantes, dont Nichiren avait souvent félicité pour leurs questions en profondeur sur le bouddhisme, tout en les encourageant dans leurs efforts pour atteindre l'Illumination dès cette vie-ci.

Plusieurs observateurs modernes découvrent aussi dans la lecture des écrits de Nichiren, un message politique. En effet, pendant la période pré-Seconde Guerre mondiale, le gouvernement japonais a insisté pour que des passages et même des documents soit supprimés dans les collections publiées parce qu'elles étaient considérées comme insultantes pour l'empereur japonais.

 

Naissance 16 février 1222
Drapeau du Japon Japon, Tojo - Kominato
Décès 13 octobre 1282
Drapeau du Japon Japon, Tōkyō - Ikegami
École/tradition Bouddhisme Tendai Bouddhisme de Nichiren
Principaux intérêts Étude des sūtras mahāyāna
Idées remarquables Trois grands Dharmas cachés
Démonination de la Nichiren Shū Trois grandes Lois ésotériques
Démonination de la Nichiren Shōshū
et du mouvement laïc Sōka Gakkai
Œuvres principales Risshō Ankoku ron - 1260 Kaimoku shō - 1272 Kanjin no Honzon shō - 1273 Senji shō - 1275 Hōon shō - 1276
Influencé par Zhiyi, 3e Patriarche Tiantai Saichō, fondateur du Tendai
Dozen-bō, son Maître.
A influencé Nichiren Shū Nichiren Shōshū Reiyukai Risshō Kōsei Kai Sōka Gakkai
Célèbre pour Nam(u) Myōhō Renge Kyō 南 無 妙 法 蓮 華 經
Adjectifs dérivés Nichirenisme, Nichirenien(ne)

Sommaire

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:29
Siddhartha Gautama
(Redirigé depuis Shākyamuni)
Aller à : Navigation, rechercher
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Bouddha (homonymie), Gautama (homonymie) et Siddhartha.
Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:28


 

Daimoku en dehors du contexte nichirenien

Published by Rissho Ankokukai. 1947, 1999.

Deux extraits de textes de Jacqueline Stone

in Re-Visioning 'Kamakura' Buddhism,
Studies in East Asian Buddhism 11, edited by Richard K. Payne.
Kuroda Institute : Univ. of HI : Honolulu. 1998.

DICTIONNAIRE

 

I. http : //nichirenscoffeehouse.net/GohonzonShu/003A.html "Chanting the August Title of the Lotus Sutra : Daimoku Practices in Classical and Medieval Japan, " by Jacqueline I. Stone

Récitation du Titre vénérable du Sutra du Lotus : Pratiques dans le Japon médiéval et classique

A l’inverse de l’invocation nembutsu, la récitation mantraïque* du daimoku semble avoir eu peu de précédents en Chine, voire aucun. Comme on le sait, au Japon, la psalmodie du titre du Sutra du Lotus, "Namu Myoho Renge Kyo", a été préconisée par Nichiren (1222-1282), une des figures de proue du bouddhisme de Kamakura. Myoho Renge Kyo est la prononciation japonaise de Miaofa lianhua jing (Sutra de la Fleur du Lotus du Dharma Merveilleux) la superbe traduction du Sutra du Lotus, faite en 406, qui fait autorité dans toute l’Asie de l’Est. Namu est la translittération du sanskrit namo (<namas) et exprime la dévotion, la vénération, la louange ou la prise de refuge (ici, le Sutra du Lotus). De nos jours, le daimoku est psalmodié presque exclusivement par les adhérents des différentes écoles se réclamant de Nichiren ou bien par les membres des nouvelles religions qui prétendent à un lien avec son enseignement. Pour faire bref, il s’agit d’une pratique associée à Nichiren dont il s’est souvent lui-même affirmé être l’initiateur (cf.). Les hagiographies traditionnelles de Nichiren racontent comment le 28ème jour du quatrième mois lunaire, dans la cinquième année de Kencho (1253), le matin de son premier sermon, Nichiren est monté sur le Mont Kasagamori dans la province d’Awa et là, face à l’est et au soleil levant au dessus du Pacifique, il a récité "Namu Myoho Renge Kyo ! ", pour la première fois. La plupart des lecteurs, y compris les bouddhistes nichireniens, interprètent ce "pour la première fois" non pas comme une toute première récitation de Nichiren pour lui-même, mais comme la première proclamation pour les autres. Cependant, comme nous le verrons plus loin, Nichiren n’a jamais affirmé qu’il était l’inventeur de la récitation mantraïque du titre du Sutra du Lotus, mais qu’au contraire des maîtres du passé l’avaient pratiquée avant lui.

Bien que les assertions de Nichiren au sujet de ses prédécesseurs appellent parfois à des restrictions, les érudits japonais de ces dernières décades ont établi que la pratique du daimoku préconisée par Nichiren avait, en fait, des antécédents. De plus, dans les premières communautés de Nichiren, cette pratique a été comprise de façons diverses, pas toujours en accord avec la doctrine communément professée par la majorité des écoles nichireniennes actuelles.

II. http : //nichirenscoffeehouse.net/GohonzonShu/003B.html

Shuzenji-ketsu

Examinons maintenant deux points de vue sur la pratique de daimoku en dehors du contexte nichirenien. Dans un premier temps, nous évoquerons la polémique autour de la pratique et de la récitation de daimoku tels qu’elle apparaît dans le Shuzenji-ketsu, œuvre apocryphe en quatre fascicules attribuée à Saicho (767-822), le fondateur du Tendai japonais. Ce texte fait actuellement l’objet de nombreuses controverses entre érudits, alors qu’à l’époque pré-moderne* il était admis que Nichiren en avait parfaitement eu connaissance et que ce texte l’avait influencé pour sa pratique de daimoku. Nous citerons ensuite les références aux mantras et à la pratique de daimoku avant l’époque de Nichiren.

La controverse sur Shuzenji-ketsu

Le Shuzenji-ketsu (Décisions doctrinales du temple-monastère de Xiuchan-si) fut le premier texte qui a attiré l’attention des exégètes sur la possibilité d’une récitation du titre du Sutra du Lotus qui daterait d’avant Nichiren. Le Shuzenji-ketsu est censé être un recueil de nombreuses transmissions que Saicho aurait reçues pendant son séjour en Chine, principalement de Daosui du temple Xiuchan-si au Mont Tian tai. Il est également connu sous le nom de Kuden homon (Transmissions orales de doctrines). Ce sont des textes qui systématisent les doctrines médiévales du Tendai, et comportent notamment des discussions sur l'Eveil primordial (hongaku). On suppose que ce recueil est une ébauche du futur sanju shichika no daiji, (grandes questions des sept catégories dont trois)* - les quatre grandes catégories de transmission et les trois catégories abrégées - qui systématise les doctrines orales de l’école d’Eshin du bouddhisme Tendai médiéval. Il contient également nombre de détails sur les discussions portant sur la pratique des mantras et sur la récitation de daimoku dans les textes médiévaux connus provenant de corpus extérieurs à la tradition de Nichiren.

Il existe d’autres textes du Tendai médiéval qui se réfèrent apparemment à la récitation mantraïque du titre du Sutra du Lotus, mais ce sont généralement des notes succinctes et peu claires. Le Shuzenji-ketsu, par contre, parle du daimoku assez abondamment et présente même une explication doctrinale de cette pratique. De même que pour la majorité de textes kuden* du Tendai, il est pratiquement impossible de proposer une date exacte ; on peut suggérer une fourchette entre le milieu du onzième et le début du quatorzième siècle. Comme, pendant très longtemps, ce texte était l’unique référence non ambiguë à la pratique mantraïque du daimoku hors du bouddhisme de Nichiren, sa datation est devenue un considérable objet de controverses entre les érudits du Tendai et ceux des écoles Nichiren. L’enjeu est d’établir qui était l’initiateur de cette pratique et dans quelle mesure Nichiren avait-il été influencé par le Tendai de son époque, alors qu’il était censé être en rupture avec lui.

De nombreux passages du Shuzenji-ketsu font mention de la récitation de daimoku. Le premier apparaît sous forme de digression dans la discussion sur la triple méditation en un instant-pensée (isshin sangan), méditation centrale du bouddhisme Tendai qui consiste à méditer sur l’unité de la triple vérité* dans un instant-pensée. Selon le Shuzenji-ketsu, il convient d’adapter cette méditation à trois contextes différents : temps spécial, temps ordinaire, l’heure de la mort. A propos de ce dernier le texte dit :

"La forme de ce rituel des mourants diffère de la méditation ordinaire. Lorsqu’on est confronté à la mort et que la douleur de la destruction s’empare brusquement de vous et terrasse votre corps, vos facultés spirituelles s’émoussent, si bien que vous êtes incapable de voir clair. A quoi vous sert tout ce que vous avez appris en temps ordinaire si à l’instant de la mort vous échouez dans la pratique essentielle nécessaire pour la libération  ? Voilà pourquoi, lors de cette étape, il convient de pratiquer la triple méditation en un instant-pensée comme cela est indiqué dans la resserre (hogu) du Dharma. La « triple méditation en un instant-pensée comme cela est indiqué dans la resserre» est justement Myoho Renge Kyo. Au moment de la mort, il faut réciter Namu Myoho Renge Kyo. Grâce à l’action des trois pouvoirs du Dharma Merveilleux [abondamment détaillés par la suite comme étant les pouvoirs du Dharma, du Bouddha et de la foi] on atteindra immédiatement la sagesse de l’Eveil et on ne sera plus pourvu d’un corps ligoté par les naissances/morts. "

Nous voyons donc que daimoku est 1) présenté uniquement comme une pratique des derniers instants, 2) défini comme une "resserre de méditation" qui équivaut à la triple méditation en un instant de pensée, 3) est associé à la foi. Chez Nichiren rien n’indique cependant qu’il préconisait le daimoku comme pratique spécifique au moment de la mort, à la manière du Shuzenji-ketsu.

Un deuxième passage significatif du Shuzenji-ketsu présente de même la récitation du daimoku comme une variante d’une autre méditation traditionnelle du Tendai, cette fois la contemplation d’ichinen sanzen (trois mille mondes en un seul instant-pensée) qui, dans la terminologie du Tendai, désigne l’interpénétration et l’identification de l’esprit (instant-pensée) avec tous les dharmas (trois mille mondes-états). Cette méditation, tout comme celle d'isshin sangan* , est interprétée par rapport aux trois contextes temporels (spécial, ordinaire, mortel). Là encore, la contemplation d’ichinen sanzen préconisée pour l’instant de la mort est identifiée à Myoho Renge Kyo. "A ce moment, dit le texte, il convient de réciter Myoho Renge Kyo en concentrant dessus son esprit." Le texte décrit une pratique préparant à la mort, lors de laquelle on récite certains extraits du Sutra du Lotus, les répétant mille fois, on invoque mille fois le nom du bodhisattva Kannon (Avalokitesvara) en contemplant profondément ce bodhisattva et on répète mille fois le titre du Sutra du Lotus.*

Un troisième passage mentionne daimoku lors de la description de la pratique des êtres sensitifs (ujo ou uso). Tout comme le premier extrait cité plus haut, il présente la récitation de daimoku en tant que forme simplifiée de la triple méditation en un instant-pensée. Il associe également le daimoku avec un objet de vénération (honzon) spécifique.

La transmission au sujet de la pratique profonde et secrète du Maître [Daosui] stipule : "Vous pouvez faire des images représentant les dix mondes-états et les enchâsser en dix endroits. En face de chaque image, vous devez vous prosterner [corps], réciter Namu Myoho Renge Kyo [bouche] et méditer avec votre esprit [pensée]. Lorsque vous contemplez la représentation de l’enfer, réalisez que les flammes féroces sont justement vacuité-temporalité-médianeté, et faites-en de même pour les autres représentations. Quand vous regardez le Bouddha contemplez son essence en tant que triple vérité* . Vous devez effectuer cette pratique une fois le matin et une fois le soir. Le Grand-maître [Zhiyi] estimait dans son cœur que ce Dharma était essentiel pour les personnes de faibles capacités, à l’époque de Mappo. Si l’on souhaite échapper aux vies/morts et atteindre la bodhéité, on doit employer cette pratique."

Ce passage présente un étrange parallélisme avec la pensé de Nichiren (cf.). La référence aux dix images renvoie à la calligraphie du mandala réalisé par Nichiren, où les noms représentant les dix mondes-états sont inscrits comme des manifestations du véritable aspect de la réalité qui, elle, est figurée par Namu Myoho Renge Kyo inscrit verticalement au centre du mandala. Cela renvoie également à la récitation de daimoku à l’époque de Mappo, comme le préconisait Nichiren.

De nos jours, la plupart des érudits estiment que le Shuzenji-ketsu n’est pas l’œuvre de Saicho. Comme de nombreux textes du Tendai médiéval il fut attribué, à posteriori, à un grand penseur du passé. Mais si ce n’est pas Saicho, qui a écrit ce texte et quand ? A quelle époque les bouddhistes japonais ont-ils psalmodié le titre du Sutra du Lotus à l’heure de leur mort, comme le prescrit ce texte ? Est-ce que le Shuzenji-ketsu date d’avant Nichiren et, dans ce cas, l’a-t-il influencé dans la formulation de son enseignement sur le daimoku et le mandala ? Ou bien est-ce une œuvre tardive qui antidate les idées de Nichiren en les attribuant à la tradition Tendai dont Nichiren est issu  ? Ou bien est-ce encore une troisième possibilité, le Shuzenji-ketsu et la pensée de Nichiren seraient-ils indépendants l’un de l’autre, en ayant, peut-être, une ou plusieurs sources communes ? Ces questions ont crée une importante polémique et sont loin d’un consensus entre érudits.

A l’époque pré-moderne, alors que le Shuzenji-ketsu était encore considéré comme une œuvre de Saicho beaucoup d’exégètes nichireniens tenaient pour acquis que Nichiren s’en était inspiré pour développer sa pensée. Cette opinion est confirmée par le fait que deux textes attribués à Nichiren font expressément mention du Shuzenji-ketsu. Les trois transmissions abrégées de l’école d’Eshin dont parle le Shuzenji-ketsu (au sujet des trois corps des Ainsi-venus de l’enseignement parfait, de la causalité du Sutra du Lotus et de la Terre de la Lumière Toujours Paisible) ainsi que d’autres textes du Tendai médiéval sont parfois identifiés dans le vocabulaire des exégètes nichireniens pré-modernes avec les Trois Grands Dharmas Cachés, que Nichiren a placés au sommet de son enseignement, l’objet de vénération (Gohonzon), Daimoku et Kaidan (estrade d’ordination).

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:25
Daimoku
Aller à : Navigation, rechercher

Daimoku (題目?, litt. « titre », timmu en chinois) est un terme désignant le titre d'un sutra, et par extension la répétition des syllabes du titre et principalement celles du sutra du LotusMyōhō renge kyō (妙法蓮華経?) en japonais.

Le terme a été popularisé par Nichiren au Japon, dont un des noms d'école est Daimoku-shu.

Développement chinois

Principalement par Zhiyi de l'école Tiantai qui analyse chacun des mots du titre du Sutra du Lotus et en déduit une représentation mystique de l'univers. La même démarche est faite par Fazang pour le Sutra Avatamsaka qui en analyse le titre de 10 manières différentes.

Développement dans la doctrine de Nichiren

La récitation du daimokuNam(u) myōhō renge kyō (南無妙法蓮華経?) — est un moyen salvifique (Hoben) prôné pour son efficacité mystique.

  • Nam = Namu = Consacrer sa propre vie.
  • Myoho = Miyo-ho = Loi mystique. Myo est le nom donné à la nature mystique de la vie et Ho à sa manifestation.
  • Renge = Renge = Littéralement «Fleur de lotus» qui symbolise la simultanéité de la cause et l'effet.
  • Kyo = Kiyo = Voix ou l'enseignement du Bouddha. le bruit ou les vibrations qui relient tout dans l'univers.

« Il y a rémunération en mérite (obtention de bienfaits) même pour celui qui ne comprend pas quand il récite Nam(u) myōhō renge kyō, comme ne cesse de grandir le corps de l'enfant qui boit le lait maternel sans en connaître les bienfaits. »

— Nichiren

Sommaire

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:24
Bouddhisme
Aller à : Navigation, rechercher
Crystal Clear app fonts.svg Cette page contient des caractères spéciaux. Si certains caractères de cet article s’affichent mal (carrés vides, points d’interrogation, etc.), consultez la page d’aide Unicode.
Une statue du Bouddha au Viêt Nam

Le bouddhisme est, selon les points de vue en Occident, une religion ou une philosophie, voire les deux dont les origines remontent en Inde au Ve siècle av. J.-C. à la suite de l'éveil de Siddhartha Gautama et de son enseignement.

Le bouddhisme comptait en 2005 entre 230 millions et 500 millions d'adeptes1, ce qui en fait la quatrième religion mondiale, derrière (dans l'ordre décroissant) le Christianisme, l'Islam, et l'Hindouisme. Le bouddhisme présente un ensemble ramifié de pratiques méditatives, de pratiques éthiques, de théories psychologiques, philosophiques, cosmogoniques et cosmologiques, abordées dans la perspective de la bodhi "l'éveil". À l'instar du jaïnisme, le bouddhisme est à l'origine une tradition shramana, et non brahmanique (comme l'est l'hindouisme).

Bien que le bouddhisme soit communément perçu comme une religion sans dieu2, que la notion d’un dieu créateur soit absente de la plupart des formes du bouddhisme (elle est cependant présente dans les formes syncrétiques en Indonésie), la vénération et le culte du Bouddha historique (Siddhartha Gautama) en tant que Bhagavat joue un rôle important dans le Theravāda et particulièrement dans le Mahāyāna qui lui donnent un statut de quasi-dieu3 contribuant à brouiller les notions de dieu et de divinité dans le bouddhisme.

Origines

Article détaillé : Histoire du bouddhisme.

Le bouddhisme est né en Inde à peu près à la même époque que le Jaïnisme avec lequel il partage une certaine tendance à la remise en cause de l'Hindouisme (en particulier de la caste sacerdotale des brahmanes) tel que ce dernier était pratiqué à l'époque (VIe siècle av. J.-C.). Le bouddhisme a repris et aménagé beaucoup de concepts philosophiques de l'environnement religieux de l'époque (tels que dharma et karma, par exemple).

Une représentation du Bouddha, Siddhārtha Gautama dit Shakyamuni

Bouddha historique

Article détaillé : Siddhartha Gautama.

Le bouddhisme est issu des enseignements de Siddhartha Gautama (l'« éveillé »), considéré comme le Bouddha historique.

Les années de la naissance et de la mort de Siddhārtha Gautama ne sont pas sûres ; il aurait vécu au VIe siècle av. J.-C. à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas à ce sujet4. La plus ancienne le fait naître en 624 av. J.-C. et mourir en 544 av. J.-C. Les Thaïlandais font débuter le calendrier bouddhique en 543 av. J.-C., un an après sa mort. Les spécialistes occidentaux de l'histoire de l'Inde ancienne, quant à eux, s'accordent pour situer la vie du Bouddha plutôt au Ve siècle av. J.-C.5.

Né selon la tradition, à Kapilavastu (Népal) de la reine Māyā, morte sept jours après sa naissance, et du roi Shuddhodana, il avait pour nom Gautama6. Il appartenait au clan Shakya (ou Shakya) de la caste des kshatriya (nobles-guerriers), d’où son surnom de Shākyamuni, « le sage des Śākya ». C'est le nom principal que la tradition du Mahāyāna lui donne - Bouddha Shākyamuni - et par lequel on le distingue des autres Bouddhas. Il est aussi appelé Siddhārtha Gautama (pāḷi : Siddhattha Gotama) car Siddhārtha est donné comme son prénom dans certaines sources7,

La vie du Bouddha a été enrichie de légendes décrivant des miracles et des apparitions divines. Mais c'est seulement trois cents ans après sa mort qu'elle commence à être connue par des textes, en même temps que ses enseignements, grâce à l'empereur Ashoka qui en fait la promotion sur toute l'étendue de son domaine et envoie des missions à l'étranger.

Éveil ou bodhi

Article détaillé : Bodhi.

Le bouddhisme est une voie individuelle dont le but est l'éveil, par l'extinction du désir égotique et de l'illusion causes de la souffrance de l'homme. L'éveil est une base à l'action altruiste.

Définition de l'éveil dans le Bouddhisme theravâda

Pour les theravādins, l'éveil est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre nobles vérités (voir plus bas) ; il s'agit de se réveiller du cauchemar des renaissances successives (saṃsāra). L'homme éveillé atteint le nirvāṇa (l'illumination), et échappe complètement à la souffrance lors de sa mort (appelée parinirvâna, dissolution complète des cinq agrégats). Le cycle des renaissances et des morts est donc brisé.

Définition de l'éveil dans le mahāyāna

Pour les adeptes du Mahāyāna en revanche, l'éveil est en rapport avec la sagesse et la prise de conscience de sa propre nature de Bouddha (la nature essentielle de tout être humain).

Il en convient que, le mahāyāna laisse aux bodhisattvas (ceux qui sont éveillés) la possibilité de se maintenir dans le monde sans toutefois produire de karma, par compassion pour les êtres vivants, qu'ils vont alors guider à leur tour vers l'éveil.

Dharmachakra, symbole de l'émergence du Dharmadans le monde, lorsqu'un Bouddhala met en branle.

Doctrine

Article détaillé : Vocabulaire et concepts du bouddhisme.
Dharma
Article détaillé : Dharma.

Le Dharma est l'ensemble des enseignements donnés par le Bouddha qui forment le Canon Pali. Mais la définition du terme peut changer en fonction du contexte et peut signifier « ce qui est établi », « la loi naturelle », « la loi juridique », « le devoir », « l'enseignement » voire « l'essence de toute chose ».

Trois joyaux
Article détaillé : Trois Refuges.

Dans le bouddhisme, « prendre refuge dans les trois joyaux », le Bouddha, le Dharma (l'ensemble des enseignements) et la Sangha (l'ensemble des pratiquants, voir plus bas), est une cérémonie par laquelle on devient bouddhiste.

Quatre nobles vérités
Représentation des trois joyaux du bouddhisme
Article détaillé : Quatre nobles vérités.

Les quatre nobles vérités indiquent ce qu'il est essentiel de savoir pour un bouddhiste. Elles énoncent le problème de l'existence, son diagnostic et le traitement jugé adéquat :

  1. La vérité de la souffrance : toute vie implique la souffrance, l'insatisfaction ;
  2. la vérité de l'origine de la souffrance : elle repose dans le désir, les attachements ;
  3. la vérité de la cessation de la souffrance : la fin de la souffrance est possible ;
  4. la vérité du chemin : le chemin menant à la fin de la souffrance est la voie médiane, qui suit le Noble Chemin Octuple.
Trois caractéristiques de l'existence
  • L'impersonnalité : il n'y a rien dans le monde qui ait une existence indépendante et réelle en soi, donc aucune âme (ātman), aucun soi, mais une simple agrégation de phénomènes conditionnés.
  • L’impermanence : tout est constamment changeant dans les phénomènes, on ne peut absolument rien y trouver de permanent.
  • L'insatisfaction ou souffrance : aucun phénomène ne peut nous satisfaire de manière ultime et définitive.

Ces trois caractéristiques de l'existence conditionnée, qui se retrouvent également dans les quatre sceaux de la philosophie bouddhiste, sont universelles, valides en tous temps et en tous lieux, et pourraient être reconnues par une vision directe de la réalité. Le nirvāna, n'étant pas conditionné, échappe aux caractéristiques de souffrance et d'impermanence (il est cependant impersonnel, il n'y a donc "personne" en nirvāna).

Trois poisons
Article détaillé : Trois Poisons.

Le bouddhisme considère qu'il existe trois poisons pour l'esprit :

Certaines écoles en ajoutent deux : la jalousie et l'orgueil.

Selon le Bouddha, les causes de la souffrance humaine peuvent être trouvées dans l'incapacité à voir correctement la réalité. Cette ignorance, et les illusions qu'elle entraîne, conduisent à l'avidité, au désir de posséder davantage que les autres, à l'attachement et à la haine pour des personnes ou des choses.

Sa philosophie affirme que la souffrance naît du désir ou de l'envie. C'est en les supprimant tous deux qu'il serait parvenu au nirvāna.

La roue des renaissances
Renaissances
Article détaillé : Réincarnation bouddhiste.

À cause des trois poisons et de l'interdépendance, les hommes sont assujettis au Saṃsāra (le cycle des renaissances). Le « monde » (Loka) dans lequel ils renaîtront après leur mort dépendra de leur karma, c'est-à-dire de leurs actions passées. Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (« la fatigue de remplir les cimetières » dit l'Assu Sutta8). Conformément à la philosophie bouddhiste, ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît. Ce n'est donc pas, comme dans le principe de la réincarnation, une âme immortelle qui se « réincarne ». En effet, la notion de réincarnation implique l’existence d’une âme immortelle qui entre et sort d’un corps et entre à nouveau dans un autre, mais, selon la croyance bouddhiste, il n’existe rien de tel. Ce qui subsisterait après la mort ne serait pas une « âme », mais une énergie psychique qui réapparaîtrait ensuite sous une autre forme lors de la renaissance (excepté pour celui qui a atteint le nirvāna).

Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser la confusion et l'illusion pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seraient brisés. Il définit le « but ultime » de son enseignement comme étant « la délivrance », le « dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāna.

Douze liens interdépendants
Article détaillé : Coproduction conditionnée.

Les douze liens interdépendants décomposent le cycle des renaissances selon des liens conditionnés dépendant l'un de l'autre.

  1. L’ignorance (avidyā) : L’ignorance de la loi de cause à effet et de la vacuité. L'ignorance produit le karma.
  2. Le karma (les saṃskāras) : Somme des actions (conditionnées) du corps, de la parole, et de l'esprit, qui produisent la conscience.
  3. La conscience (vijñāna) : La conscience produit le nom et la forme.
  4. Le nom et la forme (nāmarūpa) : Le nom et la forme produisent les six sens.
  5. Les six sens (Ṣaḍāyatana) : Les six sens (toucher, odorat, vue, ouïe, goût, mental) permettent l'apparition du contact.
  6. Le contact : Des six sortes de contacts (tactile, odorant, visuel, auditif, gustatif, mental) découlent les 6 sensations.
  7. La sensation (vedanā) : Les sensations agréables produisent l'attachement (désir ou soif).
  8. La soif (tṛṣna) : Le désir d'obtenir des sensations agréables produit la saisie, l'attachement.
  9. La saisie (upādāna) : Appropriation des objets désirables qui produit le devenir.
  10. Le devenir (bhava) : L'appropriation par la saisie produit la force du devenir, qui conduit à la (re-) naissance.
  11. La naissance (jāti) : La naissance est la condition qui produit vieillesse et mort.
  12. La vieillesse et la mort (jarāmaraṇa) : La vieillesse et la mort sans pratique de libération n'éliminent pas l'ignorance
Noble Chemin Octuple
Article détaillé : Noble Chemin octuple.
La roue du dharma avec les 8 rayons représentant les huit membres du sentier octuple

Les huit membres du noble sentier octuple (ariyāṭṭaṅgika magga) sont :

  1. La compréhension juste (Sammā diṭṭhi)
  2. La pensée juste (Samnā saṅkappa)
  3. La parole juste (Sammā vācā)
  4. L'action juste (Sammā kammanta)
  5. Le mode de vie juste (Sammā ājiva)
  6. L'effort juste (Sammā vāyāma)
  7. L'attention juste (Sanmā sati)
  8. La concentration juste (Sammā samādhi)

Au lieu de "juste" on lit parfois "complet" ou "total".

Quatre incommensurables
Articles détaillés : Quatre Incommensurables et Samatha bhāvanā.

Les quatre conduites ou sentiments pieux (brahmavihāras) sont aussi appelés les Quatre Incommensurables car ils pourraient être développés indéfiniment. Cultivées sans l'intention de mener tous les êtres à la libération ultime, ces quatre intentions conduisent à une renaissance dans le monde céleste de Brahmā ; développées avec le désir de mener tous les êtres à la libération ultime, les quatre conduites deviennent alors « incommensurables » et conduisent à « l'éveil parfait ».

Il s'agit d'émotions positives qui pourraient être développées par des pratiques appropriées :

Dzogchen Ponlop Rinpochéillustrant le principe de vacuité
Vacuité
Article détaillé : Śūnyatā.

Dans le Theravāda, la vacuité (Śūnyatā) signifie qu'aucune chose n'a d'existence propre9 (elles ne semblent exister que par interdépendance). Il existe une méditation vipassanā qui est la contemplation de cette vacuité.

Mais le concept de vacuité, exposé par la littérature dite de la prajnaparamita, et Nāgārjuna, prend un autre sens avec le Madhyamaka. Le Madhyamaka reconnaît l'enseignement de l'interdépendance mais il considère cette roue de la vie elle-même comme vacuité.

Trois corps (kāyas) de Bouddha
Article détaillé : Trikāya.

Le Canon pāli désigne trois corps de Gautama Bouddha :

  • son corps formel fait des quatre éléments (pāli caturmahābhūtikāya), soit le corps historique de Gautama.
  • le corps mental (pāli manomayakāya) par lequel Gautama se rendait dans les royaumes divins
  • le corps de la doctrine (pāli dhammakāya), l'ensemble des enseignements, qui demeurent un certain temps après la mort de Gautama.

Le concept prend de l'importance dans l'école Sarvāstivādin. Mais il acquiert par la suite une signification fort différente.
En effet, dans le Mahāyāna, les Trois corps, manifestations d'un Bouddha, ne sont pas des entités séparées mais des expressions de l'ainsité (tathāta) qui sont une. Ils y sont respectivement :

Éthique bouddhiste et préceptes
Sangha de Ajahn Chah

Dans le bouddhisme, l’éthique est basée sur le fait que les actions du corps, de la parole et de l’esprit ont des conséquences pour nous-mêmes et pour ce qui nous entoure, les autres comme notre environnement. Il y a deux sortes d’actions, les actions kusala (mot pali signifiant sain, habile, favorable, positif) et les actions akusala (malsain, malhabile, défavorable, négatif).

L’éthique bouddhique propose donc à l'être humain de prendre conscience des états d’esprit dans lesquels il se trouve et à partir desquels il agit, parle, pense et à devenir ainsi responsable tant de ses états d’esprit que des conséquences de ses actions. La pratique de l'éthique est donc une purification du corps, de la parole et de l'esprit.

Elle se décline sous forme de préceptes - les cinq préceptes et les dix préceptes sont les plus fréquemment rencontrés - qui ne sont pas des règles absolues mais des principes, des guides de comportement éthique. L'application de certains d'entre eux varie selon les personnes mais aussi selon les traditions.

Ces préceptes sont le plus souvent présentés sous une forme négative en tant qu'entraînement à ne pas faire quelque chose, mais les textes canoniques font aussi référence à leur formulation positive en tant qu'entraînement à faire le contraire.

Cinq préceptes

Les cinq préceptes, communs à tous les bouddhistes (laïcs et moines) de toutes les traditions, sont :

  • S'efforcer de ne pas nuire aux êtres vivants ni prendre la vie (le principe d'ahiṃsā, « non-violence »10),
  • S'efforcer de ne pas prendre ce qui n'est pas donné,
  • S'efforcer de ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte ─ plus généralement garder la maîtrise des sens,
  • S'efforcer de ne pas user de paroles fausses ou mensongères,
  • S'efforcer de s'abstenir d'alcool et de tous les intoxicants.
Dix préceptes

Les dix préceptes se retrouvent dans plusieurs textes canoniques (par exemple le Kûtadana Sutta, dans le Dīgha Nikāya)11.

Les dix préceptes sont :

Kannon Bosatsu, bodhisattvade la compassion
  • S'efforcer de ne pas nuire aux êtres vivants, ni retirer la vie,
  • S'efforcer de ne pas prendre ce qui n'est pas donné,
  • S'efforcer de ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte ─ plus généralement garder la maîtrise des sens,
  • S'efforcer de ne pas user de paroles fausses ou mensongères,
  • S'efforcer de ne pas user de paroles dures ou blessantes,
  • S'efforcer de ne pas user de paroles inutiles,
  • S'efforcer de ne pas user de paroles calomnieuses,
  • S'efforcer de ne pas avoir de convoitise,
  • S'efforcer de ne pas user d'animosité,
  • S'efforcer de ne pas avoir de vues fausses.

Sous leur forme positive, ce sont :

  • Avec des actions bienveillantes, je purifie mon corps,
  • Avec une générosité sans réserve, je purifie mon corps,
  • Avec calme, simplicité et contentement, je purifie mon corps,
  • Avec une communication véritable, je purifie ma parole,
  • Avec des paroles utiles et harmonieuses, je purifie ma parole,
  • Avec des mots bienveillants et gracieux, je purifie ma parole,
  • Abandonnant la convoitise pour la tranquillité, je purifie mon esprit,
  • Changeant la haine en compassion, je purifie mon esprit,
  • Transformant l’ignorance en sagesse, je purifie mon esprit.

(Dans cette formulation positive, les 6e et 7e préceptes « négatifs » sont regroupés en un seul).

Ces dix préceptes ne sont pas à confondre avec une autre liste de dix préceptes, plus particulièrement destinée aux moines (d'où sa description dans le Vinaya Pitaka et non dans les suttas), et qui correspond aux cinq préceptes plus les suivants :

  • S'abstenir de consommer de la nourriture entre midi et l'aube,
  • S'abstenir de chant, de danse et d'assister aux spectacles,
  • S'abstenir de parfums, de cosmétiques et d'ornements,
  • S'abstenir d'une haute ou luxueuse literie,
  • S'abstenir d'accepter de l'or ou de l'argent.

Contrairement aux autres préceptes, ces cinq derniers préceptes sont plus des règles de vie que des principes éthiques.

Sangha : communauté des adeptes
Article détaillé : Sangha (bouddhisme).

Le Saṅgha est la communauté de ceux qui suivent l'enseignement du Bouddha. C'est un des trois lieux de refuge. On distingue le 'Noble Saṅgha' (sanskrit Arya Saṅgha) constitué des êtres ayant atteint un haut niveau de libération et le Saṅgha ordinaire, comportant tous les êtres suivant la voie du Bouddha. Le terme est communément utilisé pour désigner des réunions bouddhistes.

Différentes écoles

Article détaillé : École du bouddhisme.
Bouddhisme theravāda
Article détaillé : Bouddhisme theravāda.

Le bouddhisme theravāda (en pāli « doctrine des Anciens », sanskrit sthaviravāda) est la forme de bouddhisme dominante en Asie du Sud et du Sud-Est (Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos, parties du Viêt Nam), parmi les Chinois d’Indonésie et de Malaisie ainsi que chez certaines ethnies du sud-ouest de la Chine. Son implantation en Occident est plus récente que celle des courants zen ou vajrayāna.

Comme son nom l’indique, il se veut l’héritier de la doctrine originelle du Bouddha. À cet égard, il est apparenté aux courants définis comme hīnayāna par le bouddhisme mahāyāna apparu au début de l’ère chrétienne. Hinayāna et theravāda sont des termes souvent employés l’un pour l’autre, malgré les objections de nombreux pratiquants du theravāda. La « doctrine des Anciens » s'appuie sur un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille ou Tipitaka, comprenant de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies par ses contemporains mais retranscrites bien plus tard.

Bouddhisme mahāyāna
Article détaillé : Bouddhisme mahāyāna.

Mahāyāna est un terme sanskrit (महायान) signifiant « grand véhicule ». Le bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère chrétienne dans l'Empire kouchan et dans le nord de l’Inde, d’où il se répand rapidement au Tarim et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient.

Le Zen est une école dérivée du mahāyāna.

Bouddhisme vajrayāna
Article détaillé : Bouddhisme vajrayāna.

Le vajrayāna est une forme de bouddhisme, nommée aussi bouddhisme tantrique, dont la compréhension nécessite la maîtrise du mahāyāna et du hīnayāna. Il contient des éléments qui l'apparentent à l'hindouisme et particulièrement au shivaïsme cachemirien. Au Tibet, le vajrayāna et le bön, religion locale, se sont influencés réciproquement.

Son nom sanskrit signifie « véhicule », yāna, de vajra, c'est-à-dire de « diamant » (indestructible et brillant comme l'ultime réalité), et de « foudre » (destructrice de l’ignorance et rapidité fulgurante). On appelle aussi ce véhicule mantrayāna et tantrayāna, puisqu’il fait appel aux mantras et tantras; on trouve aussi le nom guhyayāna « véhicule secret », donc ésotérique (en chinois mìzōng 密宗 et en japonais mikkyō).

Il est surtout pratiqué de nos jours dans la région himalayenne (Tibet, Népal, Sikkim, Bhoutan, aux confins ouest et au nord de la Chine, au nord de l’Inde) et aussi au Japon depuis le VIIe siècle à travers les écoles du Shugendo, du Shingon & Tendai. C'est la forme de bouddhisme qui caractérise le plus le bouddhisme tibétain. On le trouve aussi en Mongolie et dans quelques régions de la Fédération de Russie (Oblasts d’Amour et de Tchita, Républiques de Touva, de Bouriatie et de Kalmoukie, Kraï de Khabarovsk), ainsi qu'au Japon (Shingon et Tendai, voir Bouddhisme au Japon). Il serait la forme de Bouddhisme le plus souvent choisie par les non-Asiatiques, devant le Zen. Bien que différent d'origine, le Bön tibétain est presque à tous égards un vajrayāna non-bouddhiste.

Portrait de Chogyal Phagpafondateur de l'école Sakyapa
Bouddhisme tibétain
Article détaillé : Bouddhisme tibétain.

On désigne par bouddhisme tibétain le bouddhisme qui s'est développé au Tibet. Il y a quatre écoles principales : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelugpa. Cette dernière étant la plus connue du fait que le dalaï-lama en est un membre éminent.

Écoles du Bouddhisme ancien
Article détaillé : Dix-huit écoles anciennes.

Le bouddhisme ancien, connu sous le nom de bouddhisme hīnayāna ("petit véhicule"), regroupe plusieurs écoles, dont une seule a survécu jusqu'à nos jours. Si plusieurs classifications sont débattues, bouddhistes et chercheurs s'accordent grosso modo à reconnaître dans le bouddhisme dix-huit écoles anciennes.

En France

Article détaillé : Bouddhisme en France.
Kalou Rinpochéet Lama Denysà l'Institut Karma Lingen Savoie

Depuis les années 1970, comme dans d'autres pays, le bouddhisme s'est développé en France de façon spectaculaire12. Plusieurs maîtres de diverses traditions y ont fondé des centres : Ryotan Tokuda, Taisen Deshimaru ou encore Thich Nhat Hanh pour le Zen et Kalou Rinpoché, Guendune Rinpoché, Dilgo Khyentse Rinpoché, Vén. Tharchin Rinpoché pour le bouddhisme tibétain.

La pagode du bois de Vincennesen France

Arnaud Desjardins a également contribué à faire connaître les enseignements du bouddhisme en France. Plusieurs organisations bouddhistes sont reconnues comme congrégations religieuses par le Bureau Central des Cultes qui dépend du Ministère de l'Intérieur, selon la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l'État. À l'instar des religions établies en France depuis plus longtemps, le Bouddhisme a également aujourd'hui ses émissions à la télévision.

Selon l'Union bouddhiste de France, il y avait en 1986 environ 800 000 bouddhistes en France dont les 3/4 seraient d'origine asiatique. Une enquête plus récente, publiée par TNS-Sofrès, en avril 2007, avance un chiffre de 500 000 adeptes du bouddhisme (âgés de plus de 15 ans), représentant 1 % de la population française de cette tranche d'âge. En 1999, le sociologue Frédéric Lenoir avait estimé à 5 millions « les sympathisants » bouddhistes français13.

Notes et références

  1. Nombre d'adeptes du bouddhisme sur adherents.com [archive]
  2. Jean-Daniel Causse,Denis Müller, Introduction à l'éthique: Penser, croire, agir, Labor et Fides, 2009 [présentation en ligne [archive]], p. 50  « affirmer qu’il n’y a pas de dieu dans le bouddhisme ne signifie pas encore logiquement que le bouddhisme ne réponde en aucune manière à la question de dieu »
  3. (en) Livre en ligne "Bouddha et Dieu" de Tony Page, Nirvana Publications, 2000 [archive].
  4. When Did The Buddha Live? : The Controversy on the Dating of the Historical Buddha - Selected Papers Based on a Symposium held under the Auspices of the Academy of Sciences in Gottingen/edited by Heinz Bechert. 1995, p. 387
  5. Bilan de 60 années de recherches sur l'histoire de l'Inde ancienne, Collège de France, cours du 4 mai 2010 de Gérard Fussman [archive]
  6. Gautam (Gautami au féminin et Gautama au masculin) est un nom de famille patronymique ; néanmoins, appliqué au Bouddha, sa signification n’est pas certaine.
  7. Jataka .i.56, 58, etc.; iv. 50, 328; vi. 479, Dhammapadatthakathā iii. 195, Dpv.iii.197; xix.18; Mhv.ii. 24, 25.
  8. Extrait de l'Assu Sutta [archive]
  9. Ringou Tulkou Rimpotché Et si vous m'expliquiez le bouddhisme ? Éditeur J'ai Lu, août 2004
  10. http://fr.wikisource.org/wiki/Sermons_du_Bouddha/Chapitre_2_:_Le_principe_de_non-violence_(AGGI-SUTTA) [archive]
  11. Les préceptes du bouddhisme [archive]
  12. Le bouddhisme en France, Frédéric Lenoir, Fayard, 1999
  13. Lenoir, Frédéric. Le Bouddhisme en France. Paris : Fayard, sondage 1997 d'opinion de 1999.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographe

Les ouvrages consacrés au bouddhisme sont fort nombreux et divers. Cette bibliographie se limite aux ouvrages introductifs, synthétiques ou encyclopédiques les plus courants. Pour les ouvrages spécialisés, merci de consulter les bibliographies des articles connexes.

Ouvrages introductifs
  • Alexandra David-Néel, Le bouddhisme du Bouddha, Paris, Pocket.
  • Chögyam Trungpa, Le mythe de la liberté et la voie de la méditation, Points,1979,192p.
  • Claude B. Levenson, Le bouddhisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2004, 128 p. (ISBN 2-13-054164-X)
  • Dennis Gira, Comprendre le bouddhisme, Paris, Poche, 1998, 222 p. (ISBN 2-253-14366-9)
  • Didier Treutenaere, Bouddhisme et re-naissances dans la tradition Theravāda, Asia, Librairie d'Amérique et d'Orient-Adrien Maisonneuve, Paris, mai 2009, ISBN 9782953405606. Un ouvrage de référence sur le bouddhisme des Therā : 600 pages, 1000 citations retraduites du canon pāli, un glossaire et une bibliographie commentée.
  • Edward Conze, Le bouddhisme dans son essence et son développement (parfois réédité sous le simple titre Le bouddhisme), traduit par M.-S. Renou, Payot, 1951
  • François-Xavier Houang, Le bouddhisme : de l'Inde à la Chine, Paris, Librairie A. Fayard, coll. « Je sais, je crois », 1963, 126 p.
  • Guillaume Ducoeur, Initiation au bouddhisme, Paris, Ellipses, coll. « Initiation à », 2011, 384 p.
  • Henri Arvon, Le bouddhisme, PUF, coll. « Quadrige grands textes », 2005, 146 p. (ISBN 2-13-055064-9)
  • Henri de Lubac, Aspects du bouddhisme, Paris, Éditions du Seuil, 1951
  • Henri de Lubac, La rencontre du bouddhisme et de l'Occident, Paris, Aubier, 1954
  • Howard Cutler et le dalaï-lama, L'art du bonheur, France loisirs, 1999, 304 p.
  • Buddhica : documents et travaux pour l'étude du bouddhisme, Paris, P. Geuthner, 1926
  • Jorge Luis Borges, Alicia Jurado, Qu'est ce que le bouddhisme, Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 1979 (réimpr. 2005), 121 p. (ISBN 2-07-032703-5)
  • Aux sources du bouddhisme, Paris, Éditions Fayard, 1997 (ISBN 2-213-59873-8)
  • Lilian Vezin, Lucylle Mucy, La marche du prince, pèlerinage sur les pas du Bouddha, Vent du large Éditions. 2007 ISBN 9782952946704
  • Maurice Percheron, Le Bouddha et le bouddhisme, Éditions du Seuil, coll. « Microcosme "Maîtres spirituels" », 1956
  • Paul Magnin, Bouddhisme, unité et diversité, Paris, Éditions du Cerf, 2003 (ISBN 2-204-07092-0)
  • Samuel Bercholz et Sherab Chödzin Kohn, Pour comprendre le bouddhisme, Pocket, 1993 (ISBN 2-266-07633-7)
  • Roger-Pol Droit, Le silence de Bouddha et autres questions indiennes, Éditions Hermann, 2010
  • Walpola Rahula (préf. Paul Demiéville), L'enseignement du Bouddha d'après les textes les plus anciens, Éditions du Seuil, coll. « Points sagesses », 1978 (réimpr. 2003), 188 p. (ISBN 2-02-004799-3).
Un ouvrage de référence sur la doctrine du Bouddha, écrit par un moine theravādin. Après une explication de l'attitude bouddhiste, l'auteur présente les quatre nobles vérites, la doctrine du non-soi (anātman), la méditation (bhāvanā) et la morale sociale du bouddhisme. L'auteur propose une sélection de textes et un glossaire des termes pali en annexe.

Sommaire

Recueils de textes
  • Môhan Wijayaratna, Sermons du Bouddha, Éditions du Seuil, coll. « Points sagesses », février 2006, 246 p. (ISBN 2-02-081572-9).
    Traduction des suttas suivants d'après le canon pāli : l'accès au libre examen, le principe de non-violence, non à la guerre, conseils aux laïcs, les dieux et les déesses, l'utilité de l'attention, les quatre nobles vérités, la doctrine de « non-soi », l'incendie, la coproduction conditionnée, les actions et leurs résultats, les questions inutiles, où sont les vrais brahmanes ?, un grand monceau de dukkha, un tronçon de bois, le développement des facultés sensorielles, le cœur d'un grand arbre sensible, la vacuité. Glossaire en annexe.
  • Môhan Wijayaratna, Les entretiens du Bouddha : la traduction intégrale de 21 textes du canon bouddhique, Éditions du Seuil, coll. « Points sagesses », 2001, 264 p. (ISBN 2-02-047553-7)
Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:18
Sōka Gakkai
Aller à : Navigation, rechercher
Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:17
Bouddhisme de Nichiren
(Redirigé depuis Bouddhisme Nichiren)
Aller à : Navigation, rechercher

Le bouddhisme de Nichiren Daishonin est une branche du bouddhisme fondée sur les enseignements d'un moine bouddhiste Tendai du XIIIe siècle nommé Nichiren (1222-1282).

Fondations du mouvement

Étudiant tous les écrits bouddhistes, Nichiren estima que l'enseignement le plus important de Bouddha se trouvait dans le Sūtra du Lotus. Il reprit le titre du sutra (daimoku) sous forme de mantra qu'il développa en pratique unique. Le mantra Namu myōhō renge kyō (ou Nam myōhō renge kyō) exprime la dévotion de Nichiren aux enseignements du Bouddha tels qu'ils sont exprimés dans le Sutra du Lotus (dont le titre, en japonais, est Myōhō renge kyō).

Comme dans une partie des courants bouddhistes, les adeptes du bouddhisme de Nichiren pensent que l'illumination de l'individu peut être atteinte en une seule vie.

Très polémique dans sa volonté d'imposer son point de vue et sa pratique du Daimoku, il se heurta aux différents courants de son époque, Zen et Amidisme, mais aussi Shingon et Tendai, ce qui fait que, de nos jours, les pratiquants du bouddhisme de Nichiren ont peu de contacts avec d'autres formes de bouddhisme.

Le Bouddhisme de Nichiren aujourd'hui

De nos jours, le bouddhisme de Nichiren ne constitue pas une école unique. Ses huit principales branches sont :

  • Nichiren Shū, école de Nichiren ;
  • Nichiren Shōshū, école véritable de Nichiren ;
  • Nichiren Honshū ;
  • Nichiren Shū Fuju-fuse-ha ;
  • Kempon Hokkeshū ;
  • Hokkeshū Honmon-ryū ;
  • Hokkeshū Jinmon-ryū ;
  • Hokkeshū Shinmon-ryū.

Il existe également des mouvements néo-bouddhiques plus récents comme la Sōka Gakkai, le Reiyukai et le Risshō Kōsei Kai.

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:14
Nichiren Shōshū
Aller à : Navigation, rechercher

Le Nichiren Shōshū (日蓮正宗?) est une branche du Bouddhisme de Nichiren. Nichiren Shōshū signifie littéralement l'« école authentique de Nichiren ».

Nichiren transmit le Gohonzon mandala à Nikkō, et le désigna comme prêtre principal du Kuon-ji (久遠寺), demandant à ses disciples laïcs et religieux de suivre désormais sa direction.

L'école a été parfois surnommée « secte Nikken » par ses détracteurs au sein de la Soka Gakkai, une organisation que la Nichiren Shōshū a excommuniée dans les années 1990. Nikken était le patriarche sous lequel cet évènement a eu lieu1.

Histoire

Nichiren n'avait pas désigné d'héritier. Après sa mort en 1282, la quasi totalité des écoles des 260 disciples de Nichiren se sont rapprochés de l'école fondatrice Nichiren Shū, à part la Nichiren Shōshū qui est restée un mouvement indépendant. En 1290, le Seigneur d´Ueno fit construire le Taiseki-ji (大石寺 (多宝富士大日蓮華山大石寺) Tahō Fuji Dainichirenge-zan Taiseki-ji) à Oishigaraha pour l'un des disciples de Nichiren, Nikkō Shōnin (1246-1333), à la suite d'un différend l'opposant aux six doyens s'étant chargés de répandre la doctrine de Nichiren.

Nichikan Shonin (1665-1726), 26e grand patriarche du Taiseki-ji, a consolidé la doctrine selon laquelle Nichiren Daïshonin était le Bouddha Primordial et non Shakyamuni.

En 1899 le Taiseki-ji devint la Honmon Shu, puis en 1900 la Nichiren Shu Fuji-Ha et enfin en 1912 la Nichiren Shoshu. 2.

Dans les années 1930 au Japon nait la Soka Gakkai, au départ une branche laïque de la Nichiren Shōshū, qui fut excommuniée par le Grand Patriarche Nikken Shonin le 28 novembre 19911.

Pratique

La Nichiren Shōshū a plus de 700 temples et locaux pour pratiquer au Japon, une douzaine en Amérique, plusieurs en Europe, en Afrique et en Asie.

Son temple principal, le Taiseki-ji (大石寺 (多宝富士大日蓮華山大石寺) Tahō Fuji Dainichirenge-zan Taiseki-ji) , est situé au pied Mont Fuji où il est visité constamment par des pèlerins venant du monde entier.

Sommaire

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:14
Nichiren Shū
Aller à : Navigation, rechercher

Nichiren Shu (日蓮宗: "Ecole Nichiren") est la plus ancienne école du bouddhisme Nichiren. Elle regroupe un ensemble de lignées qui remontent directement aux 6 premiers disciple de Nichiren. Cette école est moins connue en dehors du Japon que la Nichiren Shoshu ou la Soka Gakkai.

Deux éléments principaux la distinguent de ces dernières : La Nichiren Shu ne partage pas l'idée qui voudrait que Nichiren ait désigné son disciple Nikko comme son seul et unique successeur. Sur le plan de la doctrine, la Nichiren Shu estime que la Nichiren Shoshu a transformé l'enseignement initial de Nichiren et que le seul bouddha en lequel prendre refuge est le bouddha éternel Shakyamuni tel qu'il est décrit dans le chapitre 16 du Sutra du Lotus. Nichiren reconnu comme le bodhisattva Jogyo, s'étant donné pour mission, ainsi que l'explique le chap 21, de maintenir dans le monde le Dharma authentique après la passation du bouddha.

Principes doctrinaux

La Nichiren shu vénère Nichiren comme un bodhisattva et non comme un bouddha, comme c'est le cas dans la Nichiren Shoshu. Elle ne considère pas les autres écoles du bouddhisme comme intrinsèquement erronées.

La Nichiren shu place Nichiren dans une position élevée en tant que le messager du bouddha éternel originel, mais ne le considère pas comme plus important que Shakyamuni. Le bouddha originel occupe la place centrale, Nichiren Shonin, (le saint Nichiren) est le saint qui a remis Shakyamuni à la place centrale, réfutant les écoles bouddhistes qui mettent l'emphase sur d'autres bouddhas, les seules pratiques ésotériques ou négligent ou sous estiment le Sutra du lotus.

Le sutra du lotus est la pratique supérieure, et les écrits de Nichiren appelés Gossho ou Goibun sont considérés comme des guides pour étudier la doctrine bouddhiste. Il comprend les 5 écrits majeurs de Nichiren dans lesquels est établi la doctrine, l'objet de vénération et sa pratique, ainsi que les nombreuses lettres adressées à ses disciples. Nichiren a souvent écrit, et ses disciples peuvent ainsi vérifier ou corriger leur compréhension de sa doctrine à travers les écrits qu'il nous a légué.

Contrairement à la Nichiren Shoshu, la Nichiren Shu est plus sélective quant à l'authenticité des gosshos. Plusieurs des écrits qui sont acceptés par ces deux écoles ne sont pas considérés comme authentiques par la Nichiren Shu, leur authenticité n'étant pas prouvé par les spécialistes. Cela ne signifie pas que ces gosshos (comme le Ongi Kuden) soit rejetés, mais qu'ils sont considérés comme secondaire par rapport aux écrits authentifiés. Une autre différence est la place dans la doctrine du Odaimoku (Namu Myōhō Renge Kyō) et du Mandala le Gohonzon. La Nichiren Shu les considère comme le Dharma supérieur mais n'ignore pas les autres pratiques du bouddhisme

La méditation silencieuse, shōdai-gyō, la copie de l'Odaimoku (shakyō) et l'étude des concepts fondamentaux du bouddhisme comme les quatre nobles vérités, la prise de refuge dans les trois joyaux sont pratiqués dans la Nichiren Shu.

Dans la société japonaise, la Nichiren Shu représente une tradition majeure qui contrairement à la Nichiren Shoshu a continué à avoir des relations avec les bouddhistes d'autres traditions.

La Nichiren Shu est basée sur la communauté des premiers disciples de Nichiren et ses temples comme le Kuon-ji sur le Mont Minobu (身延山 ou Nichiren vécu en exil et demanda à être enterré ou le Ikegami Honmonji ou Nichiren décéda ainsi que d'autres temples possèdent la plupart des objets ou écrits ayant appartenu à Nichiren (beaucoup étant considérés comme des trésors nationaux au Japon).

La Nichiren Shu a commencé récemment à ordonner des non japonais comme représentants, afin de faire connaitre et développer le bouddhisme Nichiren en dehors du Japon. Le siège européen se situe en Italie.

Sommaire

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de myll
  • : Je parle de mangas ,de mes lecture de la musique que j'écoute ,de jeux vidéo et des poème que j'écris
  • Contact

Profil

  • Yohann Lebredonchel

Texte Libre

Recherche

Archives

Liens